Les 28 pains de l'échantillon se trouvent chez Aldi, Coop, Lidl et Migros. Au menu, diverses sortes de pains comme des toasts, du pain blanc, du pain complet, du pain bio et du pain labellisé IP.
Première bonne nouvelle, la fiabilité des labels Bio et IP: aucun pesticide n'a été trouvé dans ces pains. Seconde bonne nouvelle, aucun pain de l'échantillon ne dépasse les teneurs maximales de résidus de pesticides autorisées dans le blé.
Deux produits phytosanitaires trouvés
Parmi ces pains, cinq contiennent des résidus de Butoxyde de Pipéronyle (Pipéronyl Butoxide), un synergiste destiné à renforcer l'effet des pesticides. Il s'agit d'un pain de mie au froment de chez Aldi, d'un pain bis et d'un pain tessinois de chez Lidl, et d'un toast de froment foncé et d'un pain protéiné vendus chez Migros.
Dans ce quintet, deux pains contiennent en plus des résidus de Cyperméthrine, un pesticide: les toasts d'Aldi et le pain bis de Lidl.
Ces deux substances sont suspectées d'être des perturbateurs endocriniens, nocifs pour la santé. À noter que les quantités de ces deux substances présentes dans les pains sont largement en dessous des limites considérées comme problématiques. Nicolas Roth, toxicologue, donne un exemple pour se faire une idée: une personne de 70 kilos pourrait manger tous les jours 700 tranches de pain renfermant la quantité trouvée de Cyperméthrine sans qu'il n'y ait de risque pour la santé, précise-t-il à la RTS.
Des limites qui font débat
Face à ces résultats, les scientifiques sont divisés. Patrick Edder, chimiste cantonal genevois, se veut d'abord plutôt rassurant. "Les valeurs de produits phytosanitaires mesurées sont faibles, et semblent montrer que la matière première était conforme. Ces valeurs maximales sont fixées sur la base de bonnes pratiques agriculturales, plutôt que sur des risques toxicologiques", explique-t-il à la RTS. Il ajoute cependant: "Il faut être conscient que ces résultats s'inscrivent dans un contexte, l'exposition globale des consommatrices et des consommateurs aux pesticides. Il y a des résidus dans quasiment tous nos aliments, donc notre exposition aux pesticides est globalement importante."
Ce n'est pas l'avis d'Antoinette Gilson, biologiste et membre du comité de la fondation Future 3.0, à l'origine de l'initiative pour une Suisse libre de pesticides de synthèse: "La Cyperméthrine est établie comme un perturbateur endocrinien. Elle perturbe le système hormonal, même à des concentrations extrêmement faibles. Or, les perturbateurs endocriniens peuvent provoquer des problèmes de santé chroniques, surtout à des périodes sensibles du développement de l'enfant. Comme ce n'est pas la dose qui fait le poison, définir des seuils réglementaires n'a pas de sens", précise-t-elle à la RTS.
Consommer local et de saison
Au-delà du bio, Patrick Edder conseille des produits de saison et locaux pour éviter les résidus phytosanitaires. "De nombreux traitements sont nécessaires pour des productions hors-saison, ou qui doivent être transportées sur de longues distances. La production suisse restreint passablement l'usage des pesticides et fait l'objet de nombreux contrôles. C'est un gage de sécurité."
Contactées par la RTS, les enseignes Aldi, Lidl et Migros rappellent que les dispositions légales sont ici respectées. Migros précise que rien de spécial ne sera entrepris, tandis qu'Aldi va examiner si "des mesures d'optimisation sont nécessaires".
Sujet et enquête: Bastien von Wyss, Justin Müller et Marie Tschumi
Adaptation web: MS