Des "lacunes considérables" dans la gestion informatique des données liées au Covid-19
Le document de l'OFSP pointe des "lacunes considérables", notamment dans la collecte des données, soit le nombre de cas positifs au Covid-19 ou les hospitalisations au niveau national.
Alors que les cantons et la Confédération ont réussi à optimiser la saisie et la transmission de ces informations, certains hôpitaux et cabinets médicaux, eux, n'ont pas intégré ces processus simplifiés.
Ceux-ci doivent en effet ressaisir les données enregistrées sur leur propre système informatique. En résulte une grande perte de temps et d'efficience.
Fausses données
Il arrive également que des informations sur la personne infectée, telles que le nom ou l'adresse par exemple, soient saisies plusieurs fois et de manière incorrecte. Cela concerne 5% des cas, précise l'OFSP à la RTS.
En outre, 0,1% d'hospitalisations et de décès liés au Covid-19 ne sont tout simplement pas enregistrés, indique encore l'office.
La loi en question
Ces imprécisions sont avant tout dues à certaines dispositions légales. Car le nettoyage et le triage de ces données personnelles sensibles pourraient se faire en utilisant par exemple le numéro AVS du patient. Or, le système de santé suisse ne permet pas un échange de données libre entre les différentes instances, cela en raison de la protection des données.
L'OFSP estime toutefois que son rapport pourrait donner lieu à une modification de certaines bases légales permettant notamment la mise en place de systèmes d'échanges de données standardisés.
Une ommission d'enquête exigée
Le rapport de l'OFSP liste encore d'autres lacunes et propose différentes mesures pour les corriger.
Il faut dire que ce dossier est très politique. L'UDC, par exemple, exige l'ouverture d'une commission d'enquête parlementaire sur les ratés informatiques des autorités sanitaires.
Adaptation web: Mathieu Henderson
Sujet radio: Marc Menichini
"On avait déjà fait ces constats en 2005 et 2009"
Ce manque de coordination concernant les transmissions de données ne surprend pas Serge Bignens, professeur à la HES du canton de Berne et responsable de l'Institut sur l'informatique médicale: "Chaque prestataire de soins dispose de son propre outil informatique pour la prise en charge des patients. Or, ces systèmes n'ont pas été conçus pour transmettre les différentes informations qui, aujourd'hui, sont importantes."
Interrogé dans La Matinale, il pointe toutefois un certain attentisme: "Ce qui me surprend, c'est qu'on a déjà fait ces constats lors des pandémies de grippe aviaire et de grippe porcine en 2005 et 2009. Il y a eu des rapports qui mettaient en évidence ces points faibles. Or, on se retrouve dans une situation très similaire aujourd'hui."