Boîtes noires et limitateurs de vitesse vont se généraliser dans nos voitures

Contrôle de l'attention du conducteur, frein automatisé pour la marche arrière, boîte noire, protection contre les cyberattaques ou encore limitation automatique de la vitesse, les progrès technologiques se multiplient avec pour objectif de rendre les routes plus sûres.

Ces aides à la conduite existent déjà pour les voitures haut de gamme. On les croise sur les routes suisses. Mais une décision de l'Union européenne, reprise dans la foulée par la Confédération, va les rendre obligatoires.

Dès juillet, ces assistants seront imposés pour les nouveaux types de véhicules. En 2024, toutes les voitures neuves devront les intégrer. Les véhicules déjà en circulation n'auront, eux, pas besoin de s'équiper.

Vitesse automatique

Un nouveau système devrait tout de même perturber bon nombre de conducteurs. L'Intelligent Speed Adaptation (ISA) est un système qui vous fait réduire votre vitesse en fonction de la signalisation.

A l'aide d'une caméra, la voiture reconnaît un panneau de limitation de vitesse. A ce moment, deux systèmes sont acceptés par la nouvelle réglementation. Le premier vous avertit avec un signal lumineux ou sonore et vous demande de ralentir.

Le second est plus intrusif. La voiture ralentit toute seule. C'est automatique. Vous n'êtes plus maître de votre vitesse. Mais attention, le conducteur peut à tout moment reprendre la main et accélérer.

Optimiser la signalisation

Ce qui inquiète plus aujourd'hui, c'est le placement des panneaux le long de l'autoroute. "Il y a des petits problèmes de fonctionnement qui peuvent arriver", estime François Launaz, président d'Auto-Suisse, l'association des importateurs de voiture.

"Par exemple, si les panneaux sont posés trop près les uns des autres à une sortie d’autoroute, la voiture freine et adapte sa vitesse comme si on voulait sortir de l’autoroute. Mais le conducteur peut réagir et garde la maîtrise de son véhicule".

Pour l'instant, il n'y a pas d'optimisation du placement des panneaux prévue. A l'Office fédéral des routes (OFOU), on compte notamment sur les progrès techniques dans la reconnaissance des signaux que vont faire les constructeurs.

Toujours responsable

Et on rappelle que le système d’adaptation intelligente de la vitesse est uniquement un soutien à la conduite qui aide le conducteur à respecter les limitations de vitesse. "Il est toutefois important que le conducteur n’oublie pas qu’il reste entièrement responsable de la bonne conduite de son véhicule, reste vigilant et ne se laisse pas 'endormir' par le soutien technologique", explique une porte-parole de l'OFROU.

L'office fédéral rappelle que "selon le droit en vigueur, le conducteur doit rester maître de son véhicule à tout moment".

Des traces numériques

Un autre système devrait également faire parler de lui. Une boîte noire équipera tous les nouveaux véhicules dès 2024.

Le principe est le même que pour les avions, mais il n'y a des données que pour les 5 dernières secondes avant un accident. Quelle était votre vitesse? Avez-vous mis votre clignotant?

La police aura accès à toutes ces données. Tout comme votre assureur en cas d'accident. Il s'agit d'un outil supplémentaire pour tracer le déroulement d'un accident. Aujourd'hui, les données de votre smartphone sont déjà utilisées pour mener les enquêtes.

Désactivable?

L'Automobile Club de Suisse (ACS) y voit un outil intrusif qui permettra de surveiller les automobilistes et qui n'a pas d'effet direct sur la sécurité routière. L'ACS souligne également une possible inégalité de traitement par rapport aux autres usagers de la route (motards, cyclistes, etc..).

Ces nouvelles aides seront intégrées dans les voitures neuves. Mais sera-t-on obligé de les utiliser? C'est tout l'enjeu. Pour être efficaces, elles doivent être activées et utilisées.

Cela va dépendre du système, selon l'OFROU. L’enregistreur de données en cas d’accident ne pourra probablement pas être désactivé. Cependant le système d’adaptation de la vitesse, celui qui vous alerte quand vous allez trop vite, pourra être désactivé.

Ces nouveautés pourraient également avoir un impact sur le prix de vente des véhicules. Une voiture coûtera plus cher à produire. Les marques devront donc décider si elles répercutent cette hausse ou pas.

Pascal Wassmer