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"On les traite de machos maintenant. C'est dommage"

15M Sociétés non-mixtes
Sociétés non-mixtes: d'un autre âge? / L'actu en vidéo / 2 min. / le 15 janvier 2022
Début janvier, la Société des tireurs à la cible de Payerne a refusé l'intégration des femmes. Mais ce n'est pas la seule société ou association non-mixte. Est-ce problématique, alors qu'on parle de plus en plus d'égalité ? Un reportage de l'émission 15 minutes.

Le sujet fait largement parler dans la ville vaudoise de Payerne en ce début d'année. Par 440 non et 203 oui, les membres de cette société historique ont refusé l'accès aux femmes. Le traditionnel Tirage restera masculin. Au sein de la Fédération des abbayes vaudoises, cette confrérie fait partie des 81 encore exclusivement masculines, contre 94 mixtes.

Dans un restaurant de la commune, le sujet anime les discussions. Pour ce membre, le problème ne vient pas de l'activité du tir, mais plutôt de la fête qui suit. "On se retrouve entre mecs. Ça n'arrive qu'une fois par année. Vous n'aimez pas vous retrouver entre copains?"

"Le tir est seulement une excuse. Je n'ai rien contre les filles qui tirent. Y en a qui tirent beaucoup mieux que moi". Un de ses amis d'enchérir, "les femmes casseraient l'ambiance". Contacté, l’abbé-président de la société n’a lui pas souhaité revenir sur ce vote.

Certains avis sont parfois plus difficiles à recueillir. Comme celui de cet homme, acquis à la mixité, mais qui ne veut pas s’attirer d’ennuis. "Je suis scandalisée. On les traite de machos maintenant. C'est dommage", explique une Payernoise, qui estime aussi que les filles n'ont peut-être pas amené le sujet "très diplomatiquement".

Une envie de participer

Derrière cette démarche d'intégration, il y a un groupe de 17 femmes de la région: les Adélaïdes. "C'est compliqué de se dire qu'on n'a pas le droit d'entrer, juste parce qu'on est une femme", explique Salomé Barth, 21 ans, qui fait partie de ce collectif.

Salomé Barth, membre du collectif des Adélaïdes [DR]
Salomé Barth, membre du collectif des Adélaïdes [DR]

"On veut participer au Tirage. C'est une fête qui a façonné nos souvenirs d'enfance chaque été. On a envie de la vivre avec nos pères, nos grands-pères, nos oncles". Le groupe ne lâchera pas l'affaire, précise Salomé Barth. "On nous a souvent dit de créer notre propre société. Mais ce n'est pas la même chose. Ce n'est pas le Tirage".

A Payerne, le sujet divise aussi les femmes. Les filles de la Jeunesse se sont publiquement distanciées des Adélaïdes. "Laissons-les. C'est la seule chose qu'il leur reste aux mecs!", affirme une habitante, mariée à un membre de la société. Elle ne croit pas à une intégration des femmes avant une dizaine d'années: "en plus ils n'ont pas besoin des femmes pour remplir les salles. Il y a assez de membres". La société en compte aujourd'hui près d'un millier.

Un lieu de confiance

Il existe aussi des groupes de femmes qui décident de rester uniquement entre elles. A Neuchâtel, pas loin de l'Université, on trouve le local d’Hétaïra. Une association 100% étudiantes. "Les fondatrices voulaient une société avec leurs propres règles, plutôt que de s'incruster dans une société masculine", explique Vanessa Fernandes, l'actuelle présidente.

Mais pourquoi créer une société uniquement réservée aux femmes? "On crée un 'safe space'. Un climat de confiance. On parle librement de sujets qui touchent les femmes. L'inconvénient, c'est de ne pas avoir un point de vue masculin."

Deux membres neuchâtelois de Zofingue. [DR]
Deux membres neuchâtelois de Zofingue. [DR]

A Neuchâtel, une autre société étudiante a pignon sur rue. Zofingue possède son propre immeuble. Créée il y a 200 ans, la société représente encore une époque où les femmes ne pouvaient pas être élues et n'avaient pas le droit de vote.

"Forcément, aujourd'hui, on se demande si Zofingue doit s'adapter à ce changement sociétal. Je pense qu'à l'avenir, nous allons nous ouvrir aux femmes", explique Scott Greinig, membre de la société.

"Il y a une vraie différence entre la jeune génération et l'ancienne", analyse Vincent Pheulpin, président des Vieux-Zofingiens de Neuchâtel. Il craint que la mixité remette en cause beaucoup de traditions. "Les hommes entre eux ne se comportent pas de la même manière s'il y a une femme. On perdrait de la spontanéité". Les deux s'accordent à dire que les membres ne sont pas encore mûrs pour accepter des femmes.

Coraline Pauchard, Guillaume Rey

>> Ecouter le reportage complet de Quinze minutes :

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15 Minutes - Sociétés et associations: la non-mixité fait-elle encore sens? / 15 minutes / 15 min. / le 15 janvier 2022
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