La mise en consultation de la prolongation des mesures anti-Covid actuelles devant les cantons se termine ce lundi. Entre lâcher-prise et restrictions, le Conseil fédéral marche sur des oeufs. Depuis quelques jours, il doit aussi jongler avec les voix qui s'élèvent pour dire que la pandémie de Covid-19 est en passe de devenir endémique, à l'image du cas de la grippe.
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Un relâchement des mesures anti-Covid dès mercredi ne semble toutefois pas à l'ordre du jour, a confié Alain Berset dimanche sur le plateau du 19h30 de la RTS. "Il ne nous paraît pas aussi simple que cela de dire que cette semaine, ou la suivante, il sera possible de supprimer toutes les mesures que nous avons actuellement. On a la plus forte vague depuis le début de cette pandémie, alors on doit s'attendre à ce que cette discussion se poursuive", a-t-il prévenu, douchant les espoirs de fin imminente de la crise sanitaire par un très sec: "Non, la population ne peut pas encore relâcher la pression".
Dire les choses telles qu'elles sont
Si le nombre de nouveaux cas de Covid-19 ne semble pas encore s'orienter à la baisse - en moyenne sur 7 jours, la Suisse enregistre plus de 25'000 contaminations quotidiennes - le nombre d'hospitalisations aux soins intensifs et le nombre de décès, eux, ont diminué, et Alain Berset en convient. "C'est ça qui nous dirige, ce sont les faits. C'est ce qu'on voit sur le terrain", confirme le conseiller fédéral.
Face à ces relatives bonnes nouvelles et aux voix qui annoncent déjà la fin de la crise, la population ne risque-t-elle pas de considérer qu'il n'est plus nécessaire de faire des efforts pour limiter la propagation du virus? "On ne va quand même pas noircir la situation, en parler plus mal qu'elle ne l'est en réalité, parce qu'on pense que les gens qui regardent le téléjournal ou qui lisent les journaux ne sont pas capables de comprendre!", s'anime le chef de la Santé. "La population suisse a fait preuve d'une très grande maturité depuis deux ans, et nous devons dire les choses telles qu'elles sont. Aujourd'hui, oui, nous avons des parcours dans la maladie qui sont moins forts que précédemment".
On ne va quand même pas noircir la situation, en parler plus mal qu'elle ne l'est en réalité en pensant que les gens (...) ne sont pas capables de comprendre!
Vaccination toujours mise en avant
Pas question pour autant d'abandonner les incitations à la vaccination. "Le vaccin reste la meilleure protection pour éviter les parcours difficiles dans la maladie. Les personnes non vaccinées ont beaucoup plus de risques, y compris face au variant Omicron, que les personnes vaccinées", répète une nouvelle fois Alain Berset.
Mais contrairement à certaines autres nations, la Suisse ne rendra pas la vaccination obligatoire. "On a toujours dit que dans notre pays, la vaccination est un acte libre et volontaire", rappelle-t-il, précisant au passage que l'approvisionnement du pays en vaccin est garanti pour tout 2022, pour une partie de 2023, et qu'une éventuelle 4ème dose sera disponible pour les personnes qui en auraient besoin. "Après, ce n'est pas à la politique de décider s'il faut ou pas une 4ème dose, c'est un travail qu'on laisse aux spécialistes".
Ce n'est pas à la politique de décider s'il faut ou pas une 4ème dose, c'est un travail qu'on laisse aux spécialistes
Une touche d'optimisme
Alain Berset peine à masquer son optimisme lorsqu'on évoque la perspective d'une sortie de crise prochaine. "Je crois qu'aujourd'hui on peut s'attendre qu'après cette vague le taux d'immunité dans la population soit à ce point élevé qu'on puisse commencer à gérer cette situation en ayant à prendre de moins en moins de mesures dures comme celles qui ont été prises depuis deux ans. J'ai toujours été assez optimiste dans cette crise, parfois un peu trop d'ailleurs, mais là je crois que cet optimisme va finir par payer".
Propos recueillis par Jennifer Covo
Adaptation web: Vincent Cherpillod