La Clinique universitaire psychiatrique pour enfants et adolescents de Berne a pris en charge en urgence plus de 50% de patients mineurs suicidaires de plus que l'année précédente.
La clinique bernoise a accueilli parfois plusieurs patients en un jour au cours de l'automne et de l'hiver, précise son directeur Michael Kaess. Récemment, il y avait presque trois fois plus de jeunes que de places disponibles aux urgences.
Mettre sur pied un registre national
Une clinique similaire à Zurich a recensé 278 tentatives de suicide. "Nous sommes en état d'urgence et encore en train d'éteindre le feu, cela ne peut continuer ainsi", met en garde son médecin-chef Gregor Berger. Il réclame un registre national des tentatives de suicide, afin de comprendre "pourquoi de plus en plus de jeunes sont sujet à des crises psychiques".
Au sein de la clinique zurichoise, les consultations d'urgence ont augmenté de 40% entre le 1er janvier 2019 et le 30 juin 2021. Selon Gregor Berger, les 278 cas précédemment évoqués ne représentent que 10% de toutes les tentatives de suicide dans le canton de Zurich.
Certains adolescents vont chez leur médecin de famille. D'autres composent une hotline de manière anonyme. Selon le médecin, cela montre l'importance d'un registre national.
Pandémie en cause, mais pas seulement
La pandémie a été un facteur aggravant chez les jeunes, mais elle n'est pas la seule responsable, estime Gregor Berger. Depuis 10 ans, les troubles psychiques chez les mineurs ont augmenté en raison, notamment, de la pression liée à la performance, y compris dans les loisirs.
Mais pour l'heure, il manque des bases légales pour mettre sur pied un tel registre. La question de la protection des données se pose également.
jfe avec ats
Des chiffres préoccupants aussi chez les Romands
Les chiffres des tentatives de suicide chez les jeunes sont également jugés préoccupants par plusieurs organismes romands. Ainsi au CHUV, le nombre de demandes d'hospitalisation pour des crises suicidaires a augmenté d'environ 50% en 2021 par rapport aux années d'avant la pandémie.
A l'Unité de crise des HUG, les appels de la ligne ados ont carrément doublé. Ils sont passés de 1000 à plus de 2000 ce qui représente environ 400 heures d'appels.
Pour Anne Edan, responsable de l'unité Malatavie, interrogée dans La Matinale de mardi, ces chiffres sont historiques mais elle y voit aussi un côté encourageant. "Cela nous soutient et nous encourage pour continuer à faire un travail de déstigmatisation du risque suicidaire, à pouvoir rappeler que les crises suicidaires sont des crises que peuvent traverser tout adolescent, toute personne dans la vie".