Les personnes qui fument sont toujours nombreuses: une sur quatre. S'il y a eu une diminution de ce chiffre pendant plusieurs années, il stagne depuis une décennie.
"Au cours des dernières décennies, on observe que le quota de fumeuses augmente. Par contre, celui des hommes recule", explique le porte-parole d'Addiction Suisse Markus Meury, lundi dans le 12h30. "Ce qui reste stable, c'est que les personnes défavorisées ont davantage tendance à fumer, notamment les chômeurs, mais également les personnes stressées en général ou divorcées."
Disparité entre les classes sociales
Cette répartition inégale dans la société est l'un des enjeux majeurs de la prévention, selon Karin Zürcher, responsable du Secteur information et plaidoyer à Unisanté. "Si on prend les années glorieuses en termes de consommation de tabac - avant tout le mouvement de prise de conscience de la nocivité - le tabac transcendait toutes les classes et catégories sociaux-économiques professionnelles."
Avant d'ajouter: "Aujourd'hui, on sait qu'on va trouver plus de consommateurs de tabac parmi les niveaux de formation et les niveaux de revenus plutôt inférieurs. Avec des contextes et des conditions de vie qui favorisent l'entrée et le maintien de la consommation, défavorisent a fortiori l'arrêt."
"Dénormaliser" le tabac
Fumer a pendant longtemps été associé à des valeurs sociales positives. La prévention doit essayer de "dénormaliser" le tabac. "C'est toute une population qu'il faut convaincre de renoncer à un produit", souligne Karin Zürcher.
Et de détailler: "Quand bien même il est licite, il est associé - faussement associé - à une image de liberté, d'émancipation, d'affirmation de soi, de convivialité, d'intégration au groupe en particulier pour les jeunes et un soutien psychologique parfois dans les difficultés de la vie."
En Suisse, le tabagisme est la première cause de mortalité évitable.
Pauline Rappaz/vajo