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Horizon Europe: "Nous vivons les premiers revers", alerte la recherche

La Suisse a été exclue du programme de recherche Horizon Europe. Inquiétude des scientifiques et du monde économique
La Suisse a été exclue du programme de recherche Horizon Europe. Inquiétude des scientifiques et du monde économique / 12h45 / 2 min. / le 26 janvier 2022
Des représentants de l'économie et de la recherche exigent une pleine association de la Suisse au programme de recherche "Horizon Europe" d'ici fin 2022. Après l'abandon des négociations sur l'accord-cadre, la Suisse doit tout faire pour limiter les dégâts pour les hautes écoles.

"Nous vivons les premiers revers", déclare le président du Conseil des EPF Michael Hengartner dans une interview au SonntagsBlick. Avec Matthias Leuenberger, président de Scienceindustries, et Yves Flückiger, président des hautes écoles swissuniversities, il estime que le réseautage du pôle de recherche et d'innovation de la Suisse est désormais en danger.

Certains chercheurs suisses en font déjà l'expérience en étant mis à l'écart. Ils ont dû renoncer à diriger différents projets de l'UE. Des subventions sont coupées, des étudiants sont discriminés par rapport à leurs collègues européens et les universités suisses ont des problèmes de recrutement.

>> Relire : Une lettre ouverte plaide pour la participation de la Suisse à Horizon Europe

Des milliards pour la recherche

La Suisse a été exclue en 2021 du programme de recherche européen Horizon en tant que membre à part entière après que le Conseil fédéral a rompu les négociations sur l'accord-cadre de l'UE. Horizon est le plus grand programme de recherche d'Europe. De 2021 à 2027, 100 milliards d'euros (105 milliards de francs) seront dépensés dans ce cadre.

>> Lire aussi : Le Conseil fédéral veut garantir le soutien à la recherche en Suisse

Dans une résolution, les représentants des EPF, des universités et de l'industrie pharmaceutique demandent une association complète à Horizon d'ici fin 2022. Les programmes-cadres européens contribuent largement à la mise en réseau internationale, à la compétitivité ainsi qu'à la réputation de la place scientifique et industrielle suisse.

La place économique suisse "en danger"

En effet, si les chercheurs en Suisse perdent leur accès aux réseaux européens et aux subsides de prestige, la place suisse perdra de son attrait pour attirer les talents. L'industrie de la recherche est également concernée, poursuit le texte.

Le domaine de la recherche est absolument central pour notre prospérité

Michael Hengartner, président du Conseil des EPF

En outre, la Suisse doit s'attendre à ce que des chercheurs de pointe et des entreprises innovantes partent à l'étranger où ils peuvent solliciter des subventions de l'UE. Cela se traduira par un "affaiblissement substantiel" de la recherche et de l'innovation suisses. La place économique suisse perdrait de son attractivité.

"Le domaine de la recherche est absolument central pour notre prospérité", a poursuivi Matthias Leuenberger, président de Scienceindustries. "Notre demande est que cela figure en tête de l'agenda. Le Conseil fédéral doit agir maintenant".

Critique envers les partis politiques

Les représentants de l'industrie et de la recherche ont également critiqué les partis pour leur immobilisme sur la question européenne. La direction à prendre après la rupture de l'accord-cadre n'est toujours pas claire, selon Matthias Leuenberger. "Chaque parti continue d'avoir ses propres idées. Ils devraient maintenant se mettre d'accord sur ce qu'ils veulent".

Le conseiller fédéral en charge de la Recherche Guy Parmelin a affirmé à plusieurs reprises que la Confédération mettait tout en œuvre pour résoudre les problèmes. Le Parlement a alloué six milliards de francs pour des mesures à prendre au cours des sept prochaines années.

Mais la recherche et l'industrie demandent plus: tant que la Suisse n'est pas associée à Horizon, il faut d'autres mesures pour maintenir "l'excellence et la compétitivité du pôle de recherche et d'innovation suisse". Le Conseil fédéral doit donc immédiatement débloquer les fonds nécessaires.

>> La Suisse ne peut pas compter sur l'appui de la France, qui occupe la présidence de l'UE. Voir l'analyse de Pierre Nebel, correspondant de la RTS à Berne, au 12h45 :

Relations entre la Suisse et l'Union européenne: l'analyse de Pierre Nebel, correspondant à Berne
Relations entre la Suisse et l'Union européenne: l'analyse de Pierre Nebel, correspondant à Berne / 12h45 / 1 min. / le 26 janvier 2022

ats/vajo

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