Avec le durcissement des mesures sanitaires ces derniers mois, le quotidien des non-vaccinés contre le Covid-19 a été particulièrement impacté.
Il y a eu l’introduction du certificat sanitaire en automne dernier, impliquant des tests PCR pour se rendre au restaurant ou dans les musées. Et, depuis la mi-décembre, l'impossibilité d'y accéder, à moins d’être guéris du virus.
Une situation "pesante"
Julie Schneller est directement concernée par ces mesures. Cette maman célibataire de 45 ans, domiciliée dans le Gros-de-Vaud, les vit très mal, comme en témoigne cet épisode: "C'était lors d’une formation continue où il fallait disposer de la 2G. J’ai pu suivre le cours, mais je me suis retrouvée à ne pas pouvoir manger avec tout le monde."
On a l'impression que l'on ne fait plus partie de cette société et que l'on a quelque chose à se reprocher. C'est pesant
Les restrictions affectent également sa vie privée: "Ma fille fait du patin, or je n’ai plus accès à la patinoire. Du coup, je dois l’attendre à l’extérieur, dans la voiture. Et dans le cercle familial plus large, il y a des choses qui s’organisent, mais ce sont toutes des sorties qui justifient une 2G. J’y suis invitée mais je ne peux pas y participer et donc j’en suis exclue."
Elle ajoute: "On a l'impression que l'on ne fait plus partie de cette société et que l'on a quelque chose à se reprocher. C'est pesant."
Une épouse vaccinée
De son côté, Didier Pochon, père de famille fribourgeois, vit mieux la situation: "Je ne me sens pas du tout mis de côté par rapport à ça", affirme-t-il.
Son épouse étant vaccinée, c’est elle qui fait les activités 2G et 2G+ avec les enfants. Il concède toutefois: "C’est vrai que cela me fait un peu mal au cœur pour mes filles parce que j’aimerais bien aller au cinéma avec elles. Ma grande de 5 ans me dit 'papa va te faire vacciner comme ça on peut y aller'. C’est comme ça, c’est plutôt rigolo."
Réunions privées
Pour contourner l’obstacle du pass sanitaire, certaines personnes se réunissent en privé. C'est le cas de Marie*, une autre Vaudoise de 45 ans. Passionnée de danse, elle continue d’exercer son hobby avec d’autres gens, en petit comité: "Dans mon entourage, il y a plusieurs personnes qui ont commencé à organiser des petits événements privés. Je fais pas mal de danse et, grâce à la générosité de ces gens, j’ai pu continuer à pratiquer."
Attention, souligne-t-elle, ces rencontres se font de manière responsable: "Il y a d'ailleurs aussi bien des personnes vaccinées, non vaccinées et guéries qui participent."
Quid de la solidarité?
Les personnes non vaccinées sont régulièrement pointées du doigt et qualifiées d'égoïstes. Un reproche que réfutent nos interlocuteurs et interlocutrices.
"Ne pas se faire vacciner ne signifie pas forcément qu’on n’est pas solidaire. On peut l’être d’autres façons", rétorque Marie. Elle, qui se considère en bonne santé, ne craint pas d'occuper une place aux soins intensifs quand bien même elle devait contracter le coronavirus.
Didier Pochon ajoute: "Je remarque que beaucoup de gens se sont fait vacciner par confort, chose que je comprends d'ailleurs."
Une différence entre non-vaccinés et anti-vax
Tous les trois insistent sur le fait qu'ils ne sont pas anti-vax et qu'ils ont reçu plusieurs doses contre d'autres maladies durant leur vie. Didier Pochon explique avoir fait une pesée d'intérêts: "Je suis en bonne santé et quasiment jamais malade. Du coup, entre ce qu'une injection pouvait m'apporter et ce que je risquais en termes d'effets secondaires, je n'en voyais pas l'utilité. C’est certes une des solutions, mais pas forcément le remède pour tout le monde."
Comme tout le monde, Didier, Julie et Marie n’attendent désormais qu’une seule chose: la fin des mesures sanitaires. La récente annonce du conseiller fédéral Alain Berset d’une possible suppression du pass sanitaire a de quoi les réjouir.
>> Lire : Alain Berset évoque la fin du certificat Covid en Suisse
*prénom d'emprunt
Mathieu Henderson