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La pollution sonore fait craindre la disparition des zones de silence

Le silence, un luxe rare en voie de disparition ? Enquête et reportage
Le silence, un luxe rare en voie de disparition ? Enquête et reportage / 19h30 / 3 min. / le 26 janvier 2022
Il y a deux ans, la baisse du trafic lors du confinement nous faisait redécouvrir les sons de la nature et un silence rarement atteint en ville. Malgré l’accalmie, l’importance des nuisances sonores fait craindre la disparition de zones de silence sur la surface de la planète.

Le silence est-il en voie de disparition? C'est en tout cas ce que pensent de nombreux bio-acousticiens qui alertent sur ce fait: il ne resterait sur Terre plus que cinquante "zones de silence".

Scientifiquement mesurables, les experts définissent ces zones de silence lorsqu'aucun son d'origine humaine n'a été capté pendant une durée de quinze minutes.

Si le silence absolu est quasiment impossible à mesurer en réalité, il existe cependant quelques édens acoustiques sur Terre. C'est le cas de l'Olympic National Park dans l'État de Washington ou du Haleakala National Park, situé à Hawaï.

Pour certains scientifiques, dont le spécialiste américain Gordon Hempton, la montée de la pollution sonore d'origine humaine fait craindre la disparition de ces zones de silence d'ici quelques années.

Toujours plus de bruit

Amoureuse du silence, l'audio-naturaliste Noémie Delaloye traque depuis une quinzaine d'années froissements, sifflements et autres gazouillis de la nature. Comme d'autres passionnés, elle témoigne de la montée de la pollution sonore en Suisse.

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"Quand j'ai commencé, il était déjà difficile d'enregistrer ces sons, à cause du bruit de la circulation ou des habitations. Au fil des années, le bruit du trafic aérien et routier est devenu de plus en plus fort. Avant, il m'arrivait par exemple d'avoir des moments d'accalmie entre 2h et 6h du matin. Aujourd'hui, ces moments sont de plus en plus rares à trouver", explique-t-elle.

Et d'ajouter: "J'ai pas mal voyagé dans des pays où il y a moins de trafic pour chercher ce que je nomme des sons purs, c'est-à-dire des bruits provenant uniquement de la nature".

Réduire les nuisances

Dans le laboratoire d'acoustique de l'EPFL, on effectue des recherches de réduction de bruit pour l'automobile et l'aéronautique. Pour parvenir à des résultats, on essaye de mesurer ce qui se rapproche le plus d'un silence absolu.

Direction la salle anéchoïque, où le silence se fait technique. "C'est une pièce constituée de parois en dièdres minéraux qui absorbent le son, isolée également de l'extérieur avec des murs en béton d'un demi-mètre d'épaisseur", précise son directeur Hervé Lissek.

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À l'opposé se trouve une autre salle aux fonctions réverbérantes. On y traque les sons en basse fréquence, ressemblant à des bourdonnements. Ennemis de nos foyers, ces bruits sont par exemple générés par les pompes à chaleur ou encore les frigos. Ils sont aussi présents dans la circulation routière et aérienne.

"On a amélioré depuis 40 ans les matériaux de construction. Mais si une fenêtre peut isoler les sons aigus ou les voix humaines, elle ne peut rien contre les basses fréquences. Cela peut gêner beaucoup de personnes", explique Hervé Lissek.

Problèmes de santé

Le spécialiste rappelle que les nuisances sonores coûtent près de 2 milliards de francs chaque année à la Confédération, y compris les problèmes de santé engendrés par le bruit.

Selon une étude de l'agence européenne de l'Environnement, la pollution sonore causerait près de 43'000 admissions à l'hôpital sur le continent chaque année. Elle serait la source de plusieurs problèmes de santé, comme l'hypertension ou certaines maladies cardiovasculaires.

Cependant des solutions existent. Canton pionnier dans la lutte contre la pollution sonore, Genève est parvenu à réduire drastiquement ces nuisances entre 2012 et 2018. Cela grâce à des aménagements urbains, parois anti-bruit ou revêtement phono-absorbant, qui recouvre désormais plus de 90% des routes cantonales.

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Sujet TV: Marie-Emilie Catier

Adaptation web: Sarah Jelassi

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