Avec cette alliance sans précédent, les trois assureurs, le centre médical et le groupe de cliniques privées veulent dépasser le simple soutien à distance.
Le coeur du système est une plateforme digitale qui va orienter la clientèle dans ses choix médicaux. Il y aura bien sûr un soutien téléphonique de base, ou par vidéoconférence, pour aider les gens quand ils ont une question sur leur état de santé, vérifier leurs symptômes ou prendre rendez-vous avec un médecin. Mais l'objectif est d'optimiser tout le processus et donc d'appeler les patients à partager certaines de leurs données sur cette plateforme numérique.
Pour bousculer les habitudes établies jusqu'ici, ces cinq entreprises privées disent vouloir cette nouvelle structure pour mettre en commun les données tout au long de la chaîne. Ils invitent d'ailleurs les autres partenaires de la santé à se joindre à eux. Leur objectif est clair: optimiser les choix, éviter les doublons et gagner du temps.
Le dossier électronique du domaine privé?
Le système évoque un dossier électronique des patients, mais dans une version portée par des acteurs privés, et qui pousse le procédé plus loin encore.
Jusqu'à aujourd'hui, la question du dossier électronique était sur la table des cantons à travers les hôpitaux. Certains cantons ont d'ailleurs déjà permis aux intéressés d'ouvrir un tel dossier. Mais rien n'est simple dans un tel domaine pour assurer la sécurité de ces données hautement confidentielles.
Beaucoup de personnes s'inquiètent précisément que leur suivi médical soit dévoilé à des assureurs qui pourraient, en fonction de ces données, accepter ou refuser certains patients à risque dans le cadre des assurances complémentaires.
Quels garde-fous?
La commission fédérale de la concurrence doit encore accepter cette démarche. La présence des garde-fous nécessaires pour réglementer et protéger les patients doit aussi être évaluée.
"En aucun cas, les assureurs n'auront accès aux données médicales du patient, comme aujourd'hui. Ce n'est pas le but", a voulu rassurer le directeur du Groupe Mutuel Thomas Boyer au micro du 12h30 de la RTS. Il décrit Compassana comme "plus que le dossier électronique du patient", une plateforme "qui met en lien le patient avec un réseau de partenaires de soin" et permet d'éviter, entre autres choses, des examens médicaux pratiqués à double faute de canal de transmission des informations simple entre praticiens.
"Les patients sont désorientés"
"Il faut absolument sortir des solutions locales, régionales ou même cantonales. Les données du patient doivent pouvoir être partagées tout au long de la chaîne de santé", plaide Thomas Boyer, qui se dit ouvert à intégrer aussi une solution publique ou parapublique.
Il dit aussi vouloir faciliter la tâche à la population. "Souvent, les patients sont désorientés par rapport au système de santé actuel. Il ne faut pas oublier que beaucoup de gens n'ont pas de médecin de famille et sont un peu démunis lorsqu'il leur arrive un souci de santé."
Le nouveau portail est encore en développement et devrait être mis à disposition de la population dans le courant de l'année 2022.
Sujet radio: Dominique Choffat
Adaptation web: Vincent Cherpillod