L'avis de Pierin Vincenz était bien sûr important au sein des organes de décision de la banque Raiffeisen et de la société de cartes de crédit Aduno. Mais il est erroné de supposer qu'il pouvait "tout faire à sa guise" en tant que CEO de l'une et président du conseil d'administration de l'autre, a déclaré l'avocat.
Le Ministère public reproche à Pierin Vincenz et à Beat Stocker, ancien patron d'Aduno, d'avoir eu des participations occultes dans des sociétés. Ils auraient ensuite fait racheter ces sociétés par Raiffeisen ou Aduno et auraient ainsi encaissé des bénéfices illégaux.
Consensus et concertation
Pierin Vincenz n'a pas été impliqué dans les négociations lors de ces rachats, a affirmé l'avocat de l'ancien banquier. Toutes les décisions ont été prises par consensus et après concertation au sein de la direction ou du conseil d'administration. "Il ne s'agit pas d'organes de décision qui auraient simplement suivi Vincenz".
Il est vrai que Pierin Vincenz s'est prononcé en faveur de certaines transactions, mais il n'a pas exercé d'influence indue, voire contraire à ses devoirs, afin d'obtenir une décision qui était dans son intérêt personnel, a souligné la défense. Son opinion était fondée sur des raisons commerciales.
Dans plusieurs cas poursuivis par le Ministère public, l'avocat a contesté que Pierin Vincenz ait détenu la moindre participation, occulte ou indirecte. En revanche, l'avocat ne conteste pas que son client aurait dû se récuser lors du rachat de Commtrain par Aduno.
Ne pas éveiller la convoitise
Pierin Vincenz ne voulait pas que son investissement privé dans Commtrain soit rendu public, car cela aurait pu éveiller la convoitise d'autres personnes, a expliqué l'avocat. "Dans sa déclaration d'impôt, il a déclaré sa participation, il n'avait pas l'intention de la cacher".
Il est aussi reproché à l'ex-patron de Raiffeisen d'avoir facturé à la banque des dépenses privées. L'acte d'accusation mentionne des visites dans des cabarets et des clubs de strip-tease pour un total de 200'000 francs et des voyages privés pour 250'000 francs.
Pierin Vincenz justifie ces visites et voyages par "l'entretien de relations avec des hommes d'affaires". Le lieu de l'invitation n'a pas d'importance, a souligné son avocat. Ce qui est déterminant, c'est de savoir si les personnes invitées permettent ou non une justification commerciale. Même dans un bar, on peut discuter d'affaires, explique-t-il.
Succès professionnels
Au début de sa plaidoirie, l'avocat de la défense a évoqué les succès professionnels de son client. Sans lui, l'ancienne banque des paysans ne serait pas devenue le troisième plus grand groupe bancaire suisse. Il a également dirigé avec succès la société de cartes de crédit Aduno.
"Le succès fait des envieux, c'est bien connu", a déclaré l'avocat. C'est sans doute ce qui a motivé celui qui a déclenché l'enquête en violant le secret professionnel. Le Ministère public n'a "manifestement pas ouvert cette enquête sans être influencé par la couverture médiatique", a-t-il ajouté. L'enquête a été menée "avec un zèle rarement vu".
Fondements de l'accusation jugés fragiles
Les avocats des deux principaux prévenus, Pierin Vincenz et Beat Stocker, ont plaidé l'acquittement complet et exigé des réparations morales appropriées pour leurs clients. Ils ont critiqué la partialité du Ministère public et ont qualifié de fragiles les fondements de l'accusation.
Il n'y a pas de preuves concrètes, a estimé l'avocat de l'ancien homme fort de Raiffeisen. Les échanges d'informations entre les accusés, qui sont présentés à charge par le procureur, pourraient être interprétés différemment, a déclaré l'avocat de Beat Stocker.
Ce dernier n'a pas pu terminer sa plaidoirie vendredi. Il la poursuivra lors de la prochaine audience, fixée au 9 février.
Six ans de prison requis
Jeudi, le procureur a requis six ans de prison pour Pierin Vincenz et Beat Stocker. Ils se sont énormément enrichis en causant des dégâts financiers considérables, a-t-il dit. Ils sont accusés d'escroquerie par métier, de gestion déloyale, de faux dans les titres et de corruption passive.
Contre les cinq autres coaccusés, le procureur a requis des sanctions allant de la peine pécuniaire avec sursis à une peine de prison de deux ans et demi avec sursis partiel. Il leur reproche un rôle de complice.
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ats/jfe