"Nous sommes tous d'accord sur le fait qu'il faut protéger les jeunes du tabac. Mais cette initiative est beaucoup trop extrême, elle n'est pas assez pragmatique. C'est comme si l'Etat allait dorénavant dicter tout ce que vous allez faire et mettre dans votre corps", lance Jennifer Badoux dans La Matinale.
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Le peuple suisse se prononcera le 13 février sur l'initiative "Oui à la protection des enfants et des jeunes contre la publicité pour le tabac". Elle a pour objectif d'interdire toute publicité pour le tabac là où des enfants ou des adolescents peuvent la voir, par exemple dans la presse, sur des affiches ou internet, au cinéma, dans les kiosques ou lors de manifestations.
"En France, toute publicité pour le tabac est interdite. Pourtant, en proportion, il y a plus de jeunes fumeurs chez nos voisins qu'en Suisse. Donc même si la publicité peut avoir un impact, ce n'est pas l'impact principal", relève la Vaudoise.
Soutien au contre-projet
Jennifer Badoux soutient en revanche le contre-projet indirect proposé par le Conseil fédéral et le Parlement. La nouvelle loi vise à interdire la publicité pour les produits du tabac et la cigarette électronique sur les affiches et au cinéma.
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"Le contre-projet est beaucoup plus équilibré. Il rajoute encore une couche sur la prévention, c'est là qu'il faut agir. Il y a déjà une grande baisse du nombre de fumeurs en Suisse, il faut continuer ce travail, mais il ne faut pas aller trop loin et dicter aux gens ce qu'ils doivent faire", répète la politicienne de droite.
Cette dernière estime par ailleurs qu'interdire la publicité en ligne n'est pas réaliste. "Il est impossible de légiférer sur les réseaux sociaux. De plus, internet n'est pas seulement destiné aux jeunes, tout comme les festivals, les kiosques ou les stations-services. Des jeunes peuvent potentiellement s'y trouver, mais il n'y a pas de publicités ciblées exprès pour eux. C'est la petite nuance qui fait toute la différence."
"Il y a des publicités positives"
Si l'initiative est acceptée, les mêmes règles s'appliqueraient à la cigarette électronique. Un nouveau point de désaccord pour Jennifer Badoux. "Il y a pour moi des publicités positives. J'étais fumeuse et je me suis tournée vers un produit alternatif justement en voyant une affiche dans une station-service", raconte-t-elle.
La vice-présidente de l'UDC Vaud ne veut pas que les adultes soient "déresponsabilisés" et ratent l'opportunité de choisir un produit alternatif. "La cigarette est nocive. Il faut promouvoir les autres produits qui existent, mais pour les personnes majeures."
"A force de tout interdire, nous allons commencer à vivre dans un monde aseptisé. Cette initiative va ouvrir une brèche dans la Constitution. Après, ça sera quoi? La publicité pour l'alcool? Car l'alcool est aussi dangereux? Rappelons aussi que la cigarette est légale. Si nous ouvrons cette brèche, nous allons nous y engouffrer", craint Jennifer Badoux.
Propos recueillis par David Berger
Adaptation web: Guillaume Martinez