Les montres connectées ont de plus en plus la cote auprès des enfants romands. Ou plutôt de leurs parents, rassurés par les fonctionnalités de ces objets au design séduisant.
Equipées d'un GPS, ces montres numériques peuvent géolocaliser leur porteur. Les enfants peuvent aussi téléphoner directement à leurs parents ou envoyer des photos.
Selon Claudia Mühlebach, cheffe de l'Accueil pour enfants en milieu scolaire (APEMS) de la ville de Lausanne, la gestion des montres connectées est plus compliquée que celle des smartphones. Dans un cas comme dans l'autre, leur usage est interdit: "Avec les téléphones portables, on demande de les poser à l'entrée. Pour les montres ce n'est pas la même chose, elles servent quand même aussi à lire l'heure." Certains APEMS exigent qu'elles soient aussi posées à l'entrée. D'autres autorisent que les enfants la gardent au bras, à condition qu'ils ne l'utilisent pas.
Atelier "jeux vidéo"
"Des parents nous ont dit: 'J'appelle mon enfant sur sa montre pour lui dire quand il doit rentrer à la maison.' Ça, ça ne va pas. La règle est que les parents doivent passer par l'accueil parascolaire", ajoute Claudia Mühlebach.
Une structure du parascolaire lausannois a par ailleurs monté un projet "jeux vidéo" à la demande d'un groupe enfants. Pendant deux mois, des jeux collaboratifs adaptés à l'âge des participants sont autorisés, sur la pause de midi, deux fois trente minutes.
"Le projet est unique et exceptionnel", précise Claudia Mühlebach.
La démarche a mis en colère une partie des parents, qui estiment qu'entre 8 et 10 ans les enfants ont mieux à faire avec leurs amis au parascolaire que de jouer sur des écrans.
A l'école, les montres connectées doivent rester éteintes et dans le cartable, y compris à la récréation. Des enseignants vaudois ont dû le rappeler récemment aux parents des élèves d'une classe de quatrième primaire.
"Une culpabilisation des parents"
Selon Niels Weber, psychologue spécialisé en hyperconnectivité, les montres connectées apportent une illusion de sécurité aux parents.
"Le marketing de ces objets joue sur une culpabilisation des parents en leur faisant craindre que leurs enfants courent un risque s'ils ne portent pas ces montres. Mais elles n'apportent rien du tout, elles ne répondent à aucun besoin de l'enfant, ni de l'adolescent", estime-t-il lundi dans La Matinale.
Il rappelle par ailleurs que les enfants ont besoin de moments hors de la surveillance des parents pour leur développement. "C'est très important d'avoir cet espace d'aventure. Avec un objet connecté au poignet, le développement des aptitudes sociales et d'interactions est ralenti. Ces compétences sont nécessaires pour que les enfants apprennent à se débrouiller seuls", indique Niels Weber.
Céline Fontannaz/gma
Hausse des ventes chez Digitec
Sur le marché des montres connectées, Digitec Galaxus a enregistré une croissance de près de 20% en 2021, par rapport à 2020.
"Pour les montres connectées destinées aux enfants, la croissance a été dix fois plus forte: en 2021, nous avons vendu 200% d'unités en plus", explique son porte-parole Stephan Kurmann.