Le Service de renseignement de la Confédération (SIC), la police fédérale (Fedpol) et le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) multiplient les contacts dans le nord-est de la Syrie, ainsi qu'à l'international, pour confirmer le statut de ces trois individus, à savoir deux Vaudois et un Genevois.
Ce dernier est d'ailleurs considéré par différents services de sécurité comme particulièrement dangereux.
Recherches en cours
Il y a deux semaines, le groupe terroriste Etat islamique s’est attaqué à une prison dans la province d'Hassakah, où se trouvaient des centaines de djihadistes, dont des Occidentaux.
L'attaque a finalement été déjouée par les forces kurdes, mais après d'intenses combats qui ont fait plusieurs morts, dont des enfants. Il y avait en effet dans la prison quelque 700 détenus mineurs, des garçons incarcérés depuis au moins trois ans pour leurs liens supposés avec l'EI.
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Et les trois Romands s'y trouvaient-ils aussi? Ont-ils pris la fuite? Ou sont-ils morts dans les combats? Pour l'heure, aucune réponse officielle n'a été donnée: "Des clarifications sont en cours", indique le DFAE.
Selon les recherches effectuées par la RTS, les organes de sécurité suisses tentent actuellement de recouper des informations contradictoires. Une source indique que les trois hommes n’étaient pas dans la prison attaquée, mais détenus ailleurs. Mais une autre explique que deux d'entre eux se trouvaient bel et bien dans l'établissement au moment de l’assaut, le troisième ayant été transféré dans un autre centre de détention il y a déjà plusieurs mois. Des renseignement difficiles à vérifier à ce stade.
Un enjeu sécuritaire
La disparition de ces ressortissants du radar de la Confédération pose des questions sécuritaires. Les trois hommes ont en effet dit vouloir rentrer en Suisse ou, du moins, en Europe.
En outre, dans le cas où ils n'ont pas pris la fuite, d'autres attaques de prison menées par Daech pourraient leur donner de nouvelles occasions de s'évader.
Les autorités rassurent
Face à ce scénario, le délégué au Réseau National de Sécurité, André Duvillard, se veut rassurant: "La Suisse prend toutes les mesures opérationnelles à sa disposition pour empêcher un retour incontrôlé de ces personnes."
De son côté, Fedpol précise: "Les instruments permettant d'identifier les mouvements de personnes connues sont notamment les signalements dans le système d'information Schengen SIS en vue d'une recherche discrète du lieu de séjour ou d'une arrestation."
Et d'ajouter: "L'échange d'informations policières et de renseignements entre les autorités suisses et étrangères sont également des instruments importants."
Marc Menichini
Absence sur le terrain
Plusieurs raisons expliquent la difficulté des recherches. D'une part, les forces kurdes elles-mêmes ne savent pas encore combien de djihadistes occidentaux détenus dans cette prison ont pris la fuite, ni combien ont été rattrapés ou sont morts lors des combats. "Les décomptes sont toujours en cours", rapporte un porte-parole des Forces démocratiques syriennes.
Autre difficulté, la Suisse ne dispose d'aucune présence physique sur place, contrairement aux Etats occidentaux, membres de la Coalition internationale qui soutient les Kurdes.
"Les moyens d’action de la Suisse sur place sont extrêmement restreints et cela empêche d’avoir des certitudes à 100%", explique une source proche du dossier.