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Le nombre de femmes concernées par l'excision serait en augmentation en Suisse

L'excision est aussi une réalité en Suisse, dénoncent plusieurs organisations à l'occasion de la Journée internationale contre les mutilations génitales féminines, qui a lieu dimanche. [Unicef/Keystone]
Le nombre de femmes concernées par l'excision ne cesse d'augmenter en Suisse / Le Journal horaire / 30 sec. / le 4 février 2022
L'excision est aussi une réalité en Suisse, dénoncent plusieurs organisations à l'occasion de la Journée internationale contre les mutilations génitales féminines, qui a lieu dimanche. Elles l'expliquent surtout par la migration en provenance de pays dans lesquels cette pratique est courante.

D'après des estimations récentes, jusqu'à 22'000 filles et femmes auraient subi une excision ou risqueraient d'en subir une, relève le Réseau suisse contre l'excision, composé de Caritas Suisse, Santé sexuelle Suisse et du Centre suisse de compétences pour les droits humains.

Ce chiffre est toutefois une extrapolation, réalisée sur la base des statistiques de la population étrangère résidente et mise en relation avec les taux de prévalence dans les pays d'origine, précise Denise Schwegler, du service de prévention contre l'excision de Caritas Suisse. Il ne tient pas compte du fait qu'une intégration réussie peut entraîner un changement de comportement.

Pas de chiffres précis

Le nombre de filles concernées et/ou menacées a augmenté au cours des dernières années, car la migration en provenance de pays pratiquant la mutilation génitale a augmenté, précise Denise Schwegler. Elle ne dispose toutefois pas de chiffres plus précis, car il n'existe pas en Suisse de système de surveillance qui recueillerait les données à l'échelle nationale.

Selon l'experte, les cas où une fillette se fait exciser en résidant déjà en Suisse sont isolés. "Nous avons plutôt affaire à des filles et des femmes qui ont été excisées dans leur pays d'origine avant de venir en Suisse."

Il faut toutefois tenir compte du risque d'une éventuelle excision lors de voyages à l'étranger dans le pays d'origine. Même si les parents sont opposés à cette pratique, des membres de la famille du pays d'origine font en effet parfois pression pour que les filles soient excisées.

"C'est pourquoi il est judicieux de rechercher le dialogue avec les parents lorsqu’un voyage est imminent, de les informer sur la pénalisation des actes commis à l'étranger et d'élaborer avec eux des stratégies pour protéger la fillette", note Denise Schwegler.

Cela implique toutefois que les professionnels du social, de l'asile et de la santé en contact avec des jeunes filles en danger soient sensibilisés à cette question. "Actuellement, le thème de l'excision n'est guère, ou pas suffisamment intégré dans les cursus de formation et de perfectionnement", déplore la responsable de Caritas.

Développer des offres régionales

Par ailleurs, on ne trouve pas partout en Suisse des offres de conseil, de prévention et de soins destinées aux femmes et filles concernées par l'excision, regrettent les trois organisations. Beaucoup de communautés de migrants n'ont pas suffisamment accès aux offres d'aide en la matière et aux informations sur la situation juridique en Suisse.

Le Réseau suisse contre l'excision veut remédier à ces lacunes. Il met en place des points de contact régionaux dans toute la Suisse, organise des formations continues pour le personnel hospitalier et fait un travail de prévention avec les communautés concernées.

Plusieurs points de contact donnant des conseils en matière de prévention et de santé ont été ouverts en Suisse romande, en Suisse orientale et sur le Plateau. Mais les moyens financiers nécessaires pour garantir ces offres sur le long terme font souvent défaut, déplorent encore les organisations. Elles souhaiteraient notamment que davantage de cantons intègrent le thème de l'excision dans les offres de prévention existantes.

ats/fgn

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