Depuis l'abandon de l'accord-cadre avec l'Union européenne en mai 2021, la Suisse est considérée comme un pays tiers, non associé pour la participation au programme de recherche Horizon Europe. Il en va de même pour le Royaume-Uni après le Brexit.
Face à ce blocage, les écoles polytechniques suisses - EPFL et EPFZ - aux côtés des universités britanniques ont lancé la campagne "Stick to Science" pour appeler les Etats-membres de l'UE à une collaboration en matière de recherche.
Récolte de signatures
Les initiantes et initiants invitent la communauté scientifique européenne à signer le texte en ligne. Ils estiment en effet que la situation actuelle empêche les chercheurs et chercheuses de "travailler ensemble pour relever les défis mondiaux, tels que le changement climatique, la pandémie et la sécurité alimentaire."
Pour l'heure, plus de 200 personnalités soutiennent le projet, dont des lauréats du prix Nobel, des entrepreneurs, des organisations faîtières ou encore des responsables d'universités.
19 milliards de francs supplémentaires
La participation de la Suisse et du Royaume-Uni apporterait près de 19 milliards de francs au budget d'Horizon Europe, soit 18% supplémentaire, selon le comité.
L'automne dernier, le Conseil fédéral avait accepté d'accorder 400 millions de francs pour assurer le financement des scientifiques suisses qui avaient participé au programme de recherche en 2021.
Un statut qui avait permis à ces experts de participer à la plupart des projets collaboratifs, soit environ deux tiers du programme.
"Il faut sortir la science des discussions politiques"
Pour le prix Nobel de physique 2019 Didier Queloz, signataire de l'appel, il n'est pas imaginable que la situation actuelle perdure. "On doit absolument trouver une solution pour sortir de ce blocage. Il n’est dans l’intérêt de personne d’empêcher la collaboration scientifique de fonctionner à l’échelle européenne", a-t-il déclaré dans Forum.
L'astrophysicien a voulu rappeler que la recherche scientifique ne devrait pas faire l'objet de querelles politiques. "Le fonctionnement politique a tendance à se faire sur le court terme, mais il doit se préoccuper du futur. Il faut absolument sortir la science des discussions politiques. C'est notre appel: sortons la science des accords européens et ne les utilisons pas comme des armes de négociation."
Si la Suisse et le Royaume-Uni ne sont pas associés aux programmes de recherche européens, ce serait nuisible pour "le futur de l'Europe", a encore souligné Didier Queloz. Selon le scientifique, cette décision priverait tant la Suisse que l'Europe de nombreux talents. "Toucher à la science, c’est toucher le coeur du succès de l’Europe sur le long terme", a-t-il ajouté.
Mathieu Henderson
Vers une coopération renforcée entre la Suisse et le Royaume-Uni
Le conseiller fédéral en charge de la Formation Guy Parmelin a reçu son homologue britannique George Freeman à Berne lundi.
Ils ont convenu d'une collaboration renforcée entre les deux pays en matière de recherche et d'innovation.
La Suisse et le Royaume-Uni envisagent de coopérer dans des domaines tels que la mécanique quantique, le spatial et la fusion nucléaire.
Les échanges ont également porté sur le programme Horizon Europe. Aucune précision quant à ces discussions n'a été communiquée.