Les élections communales ont lieu le 13 février dans le canton de Zurich. L'occasion pour le 19h30 de se pencher sur la capitale économique de la Suisse, qui se rêve souvent en laboratoire des grands défis auxquels font face toutes les agglomérations du pays.
Climat, logement: Zurich se rêve en modèle pour les villes suisses
Les enjeux
La majorité rose-verte aborde les élections sereinement
Les élections de ce week-end ne devraient pas bouleverser les équilibres politiques à Zurich. La plus grande ville du pays est dirigée par une majorité rose-verte et le poste de maire est occupé par un ou une socialiste depuis plus de 30 ans. D'ailleurs, l'actuelle présidente Corine Mauch, qui brigue un quatrième mandat, n'a pas de concurrent.
Ces élections pourraient par ailleurs déboucher sur une nouvelle vague écolo. Les Vert'libéraux devraient encore augmenter leur représentation au Parlement de la Ville. De leur côté, les Verts se sentent pousser des ailes. Ils présentent trois candidats à l'exécutif, dont un jeune de 24 ans issu de la grève du climat. S'il était élu, ce serait une première pour ce mouvement.
Environnement
500 millions par an pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2040
Comme dans les autres agglomérations du pays, le climat - avec le logement - est l'une des principales questions qui agitent la politique zurichoise aujourd'hui. Dans ce dossier, la Ville veut atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2040.
Un demi-milliard par an pour le climat
Le projet est ambitieux. Zurich veut réduire, de manière contraignante, ses émissions de CO2 de 90% d'ici 20 ans. Le reste sera capté. Pour atteindre cet objectif, la Ville compte investir 500 millions de francs par an. Le projet doit encore recevoir l'aval de la population ce printemps.
La Ville ne veut pas recourir aux certificats de compensation. "Nous ne sommes pas contre les certificats. Mais nous avons décidé de prendre notre responsabilité. Tout ce que nous voulons réaliser en ville, nous souhaitons le faire nous-mêmes, ou avec le peuple et les entreprises", affirme le conseiller municipal vert'libéral Andreas Hauri.
La Ville veut aussi réduire les émissions indirectes
La ville veut aussi réduire de 30% d'ici 2040 ses émissions indirectes de CO2, c'est-à-dire toutes celles produites par les Zurichois en dehors de la cité. "Le défi est deux fois plus grand que pour la réduction des émissions directes", relève le chef du Département de l'environnement.
"En tant que municipalité nous avons une influence sur ce que nous achetons, en dehors de la ville. Nos critères d’achat seront renforcés. Nous parlons de béton recyclé, par exemple", précise Andreas Hauri. "Par ailleurs, tout un chacun - habitants ou entreprises - doit et peut faire quelque chose pour réduire ses émissions, comme prendre moins l’avion ou consommer plus consciemment", ajoute-t-il.
Logement
La folie des hauteurs, ou le défi de la densification
Avant, le symbole de Zurich, c'était sa cathédrale. Désormais, l'emblème de la cité de Zwingli, c'est la Prime Tower, le deuxième bâtiment le plus élevé de Suisse avec 126 mètres de hauteur. Depuis 2010, près de 70 gratte-ciel sont sortis de terre dans la plus grande ville du pays. Ce développement à la verticale est valorisé par les promoteurs immobiliers.
Des tours pour densifier la ville
"Les coûts de construction sont certes plus élevés, mais on peut largement les compenser grâce à la vue", relève Henrik Stump, à l'origine du projet WolkenWerk, qui propose 300 appartements réunis dans trois tours. Et ce promoteur de mettre en avant l'emprise au sol moins importante de ces constructions, "qui ont permis de créer un parc avec un étang".
Pour loger les 100'000 habitants supplémentaires attendus dans l'agglomération zurichoise d'ici 2040, l'architecte de la ville estime elle aussi qu'il faut densifier en hauteur. "Le marché réclame des tours. Il faut dire que la loi sur l'aménagement du territoire exige qu'on protège les campagnes et qu'on densifie dans les zones urbaines", note Katrin Gügler.
Les rendements avant la qualité de vie?
De plus en plus de Zurichois critiquent cette densification verticale. Des sociologues et des architectes dénoncent une évolution qui profiterait davantage aux investisseurs qu'aux habitants. "Les tours, c'est bon pour les rendements financiers, pas pour les êtres humains", affirme Horst Eisterer. "Les études montrent que plus on habite haut, plus on a de problèmes psychologiques. Les tours sont socialement problématiques et surtout inadaptées pour les enfants", ajoute-t-il.
Pour cet architecte, membre d'Allianz Z, une association qui défend la qualité de vie des Zurichois, l'idée selon laquelle les tours permettraient de gagner beaucoup de place serait erronée. Selon lui, il n'est pas nécessaire de caresser le ciel pour densifier. Par exemple, Paris est 4,5 fois plus dense que Zurich, même si elle est totalement dépourvue de tours d'habitation.
Vers des gratte-ciel de 250 mètres?
Malgré les critiques, la Ville de Zurich maintient le cap. De nouvelles zones doivent être libérées pour des tours. Et selon un document confidentiel qui vient de fuiter dans la presse, la capitale économique de la Suisse veut désormais autoriser des gratte-ciel à 250 mètres de haut, soit deux fois plus que la Prime Tower.
Candidature inhabituelle
Intérêt international pour un candidat juif orthodoxe
Novice en politique, Jehuda Spielman a 26 ans. Jeune père de famille, agent immobilier, il est candidat au Conseil communal de Zurich sur la liste PLR. Il se décrit comme un libéral type, à un détail près: Jehuda Spielman est aussi juif orthodoxe. Il a grandi et habite toujours dans le quartier de Wiedikon, où vit la plus grande communauté juive traditionnelle de Suisse, soit quelque 500 familles.
D'habitude, cette communauté ne se mêle pas à la vie publique et reste à l'écart de la politique. Cela explique sans doute l'intérêt des médias pour sa candidature, y compris dans la presse internationale. Pour Jehuda Spielman, qui dit vouloir jouer un rôle de pont entre les communautés, cette exposition médiatique est non seulement positive pour ses chances d'élection, mais également pour la reconnaissance des minorités.