Amsterdam, Zagreb, Prague, Vienne ou encore Budapest: matin ou soir, la gare de Zurich vibre de tous ces trains qui relient quotidiennement les quatre coins de l'Europe.
La métropole suisse a la chance d'avoir une situation très centrale en Europe et se classe donc deuxième, après Vienne, parmi les villes les plus connectées en trains de nuit. La toute dernière ligne avec Amsterdam a d’ailleurs été inaugurée en décembre dernier.
"Un esprit d'aventure"
Si le succès des trains de nuit est bien réel, la pandémie a quelque peu perturbé le jeu. Entre 2018 et 2019, par exemple, la demande auprès des CFF a augmenté de 25%. Et la compagnie des chemins de fer part du principe que cet engouement va reprendre, notamment pour des raisons écologiques.
"On arrive de Prague et on a pris le train de nuit parce qu'on voulait éviter l'avion, pour protéger l'environnement. Et on ne savait pas non plus comment ce serait avec le coronavirus", confie une jeune passagère jeudi dans le reportage d'Ici la Suisse.
Pour Sabrina Schellenberger, porte-parole des CFF, l'ambiance des trains de nuit explique également l'engouement pour ce moyen de locomotion. "Les trains de nuit permettent de ne pas perdre de temps mais de quand même sentir la distance qu'on franchit. Il y a aussi un certain esprit d'aventure", constate-t-elle.
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Des trains peu rentables
Les trains de nuit sont certes pratiques et écologiques, mais pas forcément rentables financièrement, que ce soit pour les CFF ou pour les passagers qui choisissent une place en couchette. Et pour cause... Les vols low cost reviennent souvent moins cher. "Là, j'ai payé 200 francs, c'est cher pour un trajet en train. Pour 160 francs, j'aurais eu un vol", témoigne une passagère allemande sur les ondes de la RTS.
Les trains de nuit ont en effet des coûts de production beaucoup plus élevés que les trains de jour. Si l'on prend l'exemple de la ligne Lausanne-Milan, un train normal pourra relier les deux villes plusieurs fois par jour. Alors que le train de nuit, avec ses wagons-lits, ne peut faire qu'un seul voyage en 24 heures. Le service aux passagers et passagères est également plus important, avec notamment les plateaux repas. Tout cela a un coût.
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Quel avenir pour ces lignes?
Pour ce qui est de rétablir les connexions vers Rome et Barcelone, les CFF continuent à chercher des moyens de financement. L'une des solutions imaginées par la compagnie est de rajouter des arrêts sur des lignes existantes. Par exemple, dès 2022, le train reliant Zurich à Prague s'arrêtera aussi dans les villes allemandes de Leipzig et Dresde.
"Il était difficile de proposer des prix compétitifs avec l'arrivée des vols à bas prix", explique la porte-parole des CFF. En outre, le refus de la loi CO2, en juin dernier, a privé le transporteur de l'argent du fonds climatique qu'il comptait investir dans le retour des liaisons internationales nocturnes. Ainsi, malgré leur popularité grandissante, ces trains demeurent encore souvent déficitaires.
Sujet radio: Joëlle Cachin/hkr