Tandis qu'à travers le monde, l’attente d’un greffon de rein fait perdre espoir à beaucoup de malades qui parfois se tournent vers le marché clandestin, les donneurs et donneuses altruistes décident, un jour, de donner l’un de leurs reins de façon totalement désintéressée, sans choisir la personne à laquelle le rein sera greffé.
Qui sont ces personnes? Quelles sont leurs motivations? Quel lien existe-t-il entre le donneur et le patient ou la patiente en attente d’un greffon? La journaliste Francesca Sacco tente de répondre à ces questions avec son ouvrage.
Des donneurs et donneuses heureux
"De nombreuses études montrent que l’un des points communs entre ces personnes est leurs antécédents: par exemple, elles ont déjà fait don de leur sang ou du bénévolat dans des associations. Il y a donc une certaine cohérence dans leurs actions. Dans le cas du donneur altruiste que j’ai interrogé pour mon livre, Albert, le don de rein est un aboutissement", explique Francesca Sacco jeudi dans l'émission On en parle.
Autre point commun entre ces donneurs et donneuses altruistes, ils et elles mènent une vie heureuse et épanouie. C’est également le cas d’Albert, qui n’a aucune dette envers la société. Il est au contraire reconnaissant envers sa vie heureuse et souhaite donner de sa personne en retour.
Le donneur altruiste destine son rein au premier qui en a besoin, sans autre raison apparente que l’amour du prochain.
Des examens psychologiques préalables
Selon l’autrice, le terme "don altruiste" serait contre-intuitif car, juridiquement, le prélèvement d’un rein est considéré comme une mutilation. Les donneurs et donneuses altruistes font l’objet d’un examen pour s’assurer de l’absence de problématique auto-sacrificielle.
"Leur générosité est donc vérifiée", précise Francesca Sacco. "L’examen vérifie aussi que ces personnes soient conscientes de l’importance de leur geste, et qu'il s’agisse d’un libre choix."
Albert a décidé de devenir donneur altruiste en lisant le travail de diplôme de la fille d’une amie, à propos du don de reins. Le don altruiste est alors une évidence pour lui. "L’idée du déclic revient souvent dans les portraits des donneurs et donneuses altruistes", ajoute Francesca Sacco. "Elles entendent parler du don altruiste, et leur souhait apparaît soudainement, à la fois comme une certitude et une sorte d’urgence."
Un don anonyme
La règle de base du donneur et de la donneuse altruiste est la suivante: on ne choisit pas la personne à laquelle le rein sera greffé. L’anonymat du don est protégé, afin d’empêcher toute intrusion des deux parties. Car dans le cas où l’une souhaiterait connaître l’autre, cela ne serait pas forcément réciproque.
"Recevoir le rein de quelqu'un d’inconnu n’est pas anodin, il y a une forte valeur symbolique. Cela dit, la personne qui donne et celle qui reçoit peuvent se rencontrer si elles en émettent chacune la demande", conclut l'autrice du livre.
Sujet radio et propos recueillis par Théo Chavaillaz
Adaptation web: ms
Francesca Sacco, "Qui veut mon rein?", éditions RMS (revue médicale suisse)