Pour le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), la ligne adoptée en général par les autorités suisses est claire. "La Suisse a l'un des plus haut taux de protection pour les demandeurs d'asile venant d'Afghanistan, en comparaison avec les autres pays européens", assure le porte-parole Markus Rieder.
Ce taux de de protection se monte à 80%, selon les chiffres du SEM. De début août à fin novembre 2021, 888 demandes d'asile déposées par des citoyens afghans ont été traitées. Parmi celles-ci, 546 ont débouché sur une admission provisoire, 164 sur le statut de réfugié.
Les personnes qui n'ont pas obtenu l'accueil en Suisse ont été renvoyées dans les Etats européens dans lesquels une première demande d'accueil avait été soumise.
Visas humanitaires
Alors pourquoi la politique d'accueil de la Suisse fait-elle l'objet de critiques? C'est lorsqu'on se penche sur les visas humanitaires que la donne change.
Ils sont accordés aux Afghans qui font une demande depuis l'étranger pour venir en Suisse. Depuis la prise de pouvoir des talibans l'été dernier - et jusqu'à fin janvier 2022 - 534 citoyens afghans ont déposé une telle demande dans une représentation suisse à l'étranger. Trente-neuf d'entre eux ont vu leur demande acceptée, contre 495 refus.
La politique de la Suisse est d'une dureté extrême
"La politique de la Suisse est d'une dureté extrême", estime Aldo Brina, chargé d'information sur l'asile au Centre social protestant.
"Ce qu'on observe, c'est que les personnes sont coincées en Afghanistan ou dans les régions limitrophes. A partir de là, même celles qui ont des profils très à risque ou sont menacées n'obtiennent pas de visa pour rejoindre des proches. Même dans ces cas-là, on n'obtient rien", regrette-t-il.
Réalité du terrain
Les critères sont très clairs concernant les visas humanitaires, indique Markus Rieder. "La loi prévoit que deux conditions doivent être remplies. D'abord l'individu doit être menacé personnellement. Une situation générale dangereuse dans le pays ne suffit pas. Ensuite, un lien avec la Suisse doit déjà exister", précise le représentant du SEM.
La réalité du terrain est toutefois plus compliquée. La Suisse n'ayant pas de représentation en Afghanistan, les citoyens et citoyennes qui veulent obtenir leur visa doivent soumettre leur demande dans d'autres pays, comme l'Iran par exemple. Ensuite, il leur est parfois difficile d'amener les preuves matérielles de leur lien à la Suisse, tout comme de prouver qu'ils sont menacés dans leur pays.
Aldo Brina se montre très critique. "Nous sommes face à des ambassades qui n'ont mis aucun dispositif en place pour faciliter les visas humanitaires. Il faut donc attendre très longtemps pour avoir des rendez-vous. Je pense que les consignes viennent du Conseil fédéral et c'est très regrettable", conlut-il.
Katja Schaer/gma