Développé par la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales, ce site offre informations et contacts mais également des exemples de situation.
Il s'agit d'un besoin exprimé de longue date par les assistants, éducateurs et éducatrices sociaux: trouver des informations précises sur l'extrémisme, de gauche ou de droite, le djihadisme ou encore le hooliganisme. En collaboration avec la Haute école zurichoise pour les sciences appliquées (ZHAW), les cantons ont donc développé la plateforme contre-la-radicalisation.ch.
Cette dernière doit permettre aux professionnels au contact des jeunes d'identifier et de gérer des situations de radicalisation, sans pour autant violer leur secret de fonction ni rompre la relation de confiance avec les adolescents.
Outil de détection précoce
Sur ces points sensibles, le site rappelle notamment les bases légales en vigueur et les conditions pour être délié du secret de fonction. "Nous avons essayé de mettre les informations essentielles pour faire juste et aussi pour se protéger en tant que professionnel", explique Joanna Bärtschi, responsable du domaine Enfance et jeunesse à la Conférence des directeurs et directrices cantonaux des affaires sociales (CDAS).
"Et en parallèle, nous avons indiqué pour chaque canton suisse un organe spécialisé où les professionnels pourront s'adresser de manière anonyme, afin d'obtenir des conseils", ajoute-t-elle.
Le nouveau site leur propose aussi un outil de détection précoce. Il s'agit plus précisément d'une grille d'analyse différente de celle utilisée par les polices cantonales. "Elle présente des indicateurs de la radicalisation, sans les catégoriser comme le fait la police", précise Joanna Bärtschi. "De plus, nous recommandons de discuter des résultats de cette grille avec des spécialistes. L'idée est ici de proposer un outil de prévention et de discussion", détaille-t-elle encore.
Mise en ligne trop tardive?
Alors qu'au début des années 2010, plusieurs jeunes hommes ont quitté la Suisse pour rejoindre le groupe terroriste Etat islamique en Syrie et en Irak, se pose la question de l'arrivée tardive de ce nouveau site internet, censé prévenir ce type de comportement.
"A l'époque, si nous avions eu un tel outil, peut-être que nous aurions été un peu plus sensibles aux changements de comportement de ces jeunes. Mais c'est très compliqué, il faut être proche de ces personnes, voir les signes avant-coureurs. Et puis c'est délicat, nous n'allons pas exposer un jeune à une longue procédure s'il n'y a pas de comportements fondamentalement problématiques", nuance Joanna Bärtschi.
Si le site s'adresse avant tout au milieu de l'action sociale, enseignants, parents et grand public, pourront également y trouver de précieuses informations pour gérer avec intelligence et sensibilité l'éventuelle radicalisation d'un jeune.
Marc Menichini