L'EXAMEN
Depuis les dernières élections fédérales, la moitié des cantons ont renouvelé leurs autorités. Et pour les Verts, tout va bien: le parti a conquis 40 sièges supplémentaires dans les législatifs cantonaux. Pour eux, c’est presque trop facile; ils gagnent sans grands efforts, comme s’ils avaient une sorte d’immunité naturelle contre les défaites électorales. La recette tient en deux mots: crise climatique. Pour preuve, la seule autre formation qui réussit à progresser est elle aussi écolo.
Tous les sondages le confirment: le changement climatique figure parmi les premières préoccupations des Helvètes depuis plusieurs années. Dans le dernier baromètre électoral, publié l’automne dernier, plus de 43% des sondés le plaçaient parmi les trois principaux défis politiques actuels, loin devant la lutte contre les pandémies (32%), la réforme des retraites (30%), les relations avec l’UE (24%) ou encore l’immigration (20%).
Malgré leur insolente santé, les Verts ont tout de même attrapé un gros rhume. En mai 2021, le peuple refusait en effet la loi sur le CO2, une véritable baffe pour les écologistes. Le parti est pris en tenaille entre une base militante qui lui reproche de ne pas en faire assez et une majorité de la population qui manifestement ne veut pas de taxes supplémentaires. Est-ce un coup de froid passager ou le signal annonciateur d’une hémorragie électorale plus grave? Seul l’avenir le dira.
Pour l’instant toutefois, les écologistes comptent bien capitaliser sur leur thème de prédilection avec une initiative pour un fonds pour le climat. Ce texte, lancé conjointement avec le PS, est aussi l’occasion de resserrer les liens entre les deux formations, après plusieurs années de compétition pour capter l’électorat de gauche.
LE DIAGNOSTIC
Les Verts, dopés par la crise climatique, affichent actuellement une santé de fer. Ils sont aujourd'hui au coude-à-coude avec le PLR et Le Centre dans les sondages et, s’ils continuent de progresser, ils pourraient devenir la troisième force électorale au niveau national lors des élections fédérales de 2023. Mais attention à la chute de pression: le risque est de voir la thématique de l'écologie être éclipsée par une autre d’ici là. Cela leur est déjà arrivé en 2011.
Un nouveau succès électoral des Verts dans un an et demi pourrait leur ouvrir la voie du Conseil fédéral. Cependant, pour arriver au coeur du pouvoir, ils devront peut-être montrer plus d'agressivité que par le passé. Le parti écologiste vise clairement un des deux sièges libéraux-radicaux, mais au final, c’est aussi le deuxième fauteuil socialiste qui pourrait vaciller. Et rouvrir ainsi les plaies fraîchement cicatrisées de la rivalité entre les deux formations de gauche.
Didier Kottelat, avec Pierre Nebel