L'EXAMEN
A la fin 2020, après des années d’hésitation, le vénérable Parti démocrate-chrétien - en déclin inexorable depuis plusieurs décennies - et le moribond Parti bourgeois-démocratique fusionnent pour devenir Le Centre. L’objectif est de créer un grand parti capable de renverser la vapeur et d’attirer de nouveaux électeurs. Révolution majeure, le “C” de chrétien fait les frais de cet examen de conscience.
En faisant sa mue, l’ex-PDC espère lutter contre la régression “naturelle” de son socle électoral. Plutôt âgés, ses électeurs traditionnels ont logiquement tendance à disparaître. L’espoir est donc de séduire aussi les jeunes qui pouvaient être rebutés par la référence religieuse. Pour l’heure, le bilan est plutôt mitigé: le parti a reculé dans trois des quatre cantons (SO, VS, NE, FR) qui ont renouvelé leurs autorités l’an dernier.
La bonne nouvelle pour Le Centre, c’est qu’il reste un parti majeur à Berne. Son unique siège au Conseil fédéral n’est pas vraiment menacé et la formation centriste a le pouvoir de faire basculer les majorités entre la gauche et la droite. C’est aussi une puissance méconnue au Conseil des Etats. Avec 13 élus sur 46, c’est le premier parti de la Chambre des cantons.
LE DIAGNOSTIC
Le Centre est aujourd’hui en forme moyenne. Il est en pleine convalescence, lui qui vient de vivre ce qui s’apparente à une très lourde opération - une greffe et une amputation en même temps. S’il veut prospérer à nouveau, l’autoproclamé parti de la famille doit se réinventer et trouver un nouveau profil.
Pour l’heure, les sondages le donnent en léger recul par rapport à son score de 2019, mais il est encore trop tôt pour dire s’il en sortira plus fort ou plus faible. Le grand examen, ce sera les élections fédérales du 22 octobre 2023. En cas de rechute, Le Centre pourrait se faire dépasser par les Verts et devenir la cinquième force électorale du pays.
Didier Kottelat, avec Pierre Nebel