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Alain Berset: "C'est un virus de plus, nous allons devoir vivre avec"

L'invité de La Matinale (vidéo)  - Alain Berset, conseiller fédéral
L'invité de La Matinale (vidéo) - Alain Berset, conseiller fédéral / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 7 min. / le 17 février 2022
La Suisse a franchi une nouvelle étape, peut-être décisive, dans sa lutte contre le coronavirus, en levant la quasi totalité des mesures. Selon Alain Berset, il ne s'agit toutefois pas de la fin de la pandémie, mais de "sa phase aigüe".

"C'est un virus de plus. La grippe cause aussi des problèmes chaque année. Maintenant il y aura le coronavirus, qui ira probablement dans cette direction", lance le conseiller fédéral jeudi lors d'une émission spéciale de La Matinale.

"Aujourd'hui, c'est une autre phase qui commence. Une phase de normalisation et de transition, où nous allons intégrer ce virus dans nos vies. Nous allons devoir vivre avec cette situation", ajoute Alain Berset, se disant "soulagé" d'avoir pu franchir ce cap.

Depuis jeudi matin, la Suisse retrouve une certaine normalité, avec la fin du certificat Covid et de l'obligation du port du masque dans de nombreux lieux. Seuls sont maintenus jusqu'à fin mars le masque dans les transports publics et les établissements de santé ainsi que l'isolement des malades pendant cinq jours.

"J'aimerais remercier toutes celles et ceux qui par solidarité se sont fait vacciner. Il y a beaucoup de personnes qui ne l'ont pas fait pour elles-mêmes, je pense aux plus jeunes. C'est grâce à elles que nous sortons aujourd'hui de la crise."

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Une transition en douceur?

Si la fin des mesures peut paraître brutale pour certaines personnes, Alain Berset rappelle que le Conseil fédéral travaille depuis de nombreux mois pour en arriver là.

"On a l'impression que tout change d'un coup, mais ça n'est pas vrai. Pour la grande majorité de la population, ce qui se passe aujourd'hui ne change rien. Rien d'autre que de ne plus devoir montrer son certificat Covid quand on rentre quelque part. Ce n'est pas non plus une différence fondamentale", estime le ministre de la Santé.

Celui-ci concède toutefois que le changement est majeur pour les personnes ne possédant pas de pass sanitaire. Le socialiste tient aussi à souligner que les assouplissements se sont faits graduellement: "Je ne pense pas que c'était l'horreur jusqu'à cette date précise et que désormais nous pouvons sauter de joie. Ce retour à la normalité revient lentement."

"Aller voir ailleurs? Quelle drôle d'idée!"

Interrogé sur les craintes que la levée des mesures peut provoquer chez les personnes vulnérables, le conseiller fédéral se montre compréhensif. "Nous allons encore accompagner cette situation. Le maintien du masque dans les institutions de santé et les transports vise aussi à garantir une bonne protection pour ces personnes."

La fin des restrictions est-elle trop rapide? Alain Berset s'en défend. "Cela fait huit mois que nous disons que le critère déterminant est la surcharge hospitalière. Alors que cette surcharge à cause du Covid ne menace plus, comment pourrait-on justifier de freiner la levée des mesures? Je n'aurais jamais imaginé que le variant Omicron devienne un chemin pour sortir de la crise. C'est une bonne surprise", admet le futur président de la Confédération.

Il révèle enfin avoir été parfois "désespéré" dans la gestion de la crise, se disant désormais "heureux" de pouvoir en sortir et de reprendre les travaux du Département de l'intérieur. Celui qui "ne peut que rêver" de s'éloigner des projecteurs assure qu'il poursuivra son mandat au Conseil fédéral. "Aller voir ailleurs? Quelle drôle d'idée!"

Propos recueillis par David Berger et Valérie Hauert

Adaptation web: Guillaume Martinez

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"On a parlé de dictature"

Entré en vigueur en juin 2021, le certificat Covid aura existé pendant moins d'une année en Suisse. Son introduction aura toutefois été mouvementée, le Conseil fédéral essuyant plusieurs critiques.

"Le certificat n'est pas une mesure simple, je n'ai pas aimé passer par là. Mais il nous a permis d'éviter des fermetures. Et le pass sanitaire a été soumis à un débat et un vote populaire. Nous sommes le seul pays où cela a été le cas", rappelle Alain Berset.

Le conseiller fédéral avoue avoir été touché par les mouvements de contestation. "Est-ce que c'est juste que toute cette haine et cette violence se déroulent dans une démocratie directe? Nous avons reçu des menaces inacceptables. On a parlé de dictature dans un pays qui a voté deux fois sur le Covid."

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