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La vie sans masque reconquiert la Suisse, au jour de la levée des mesures Covid

Au premier jour de l'abolition du port du masque, la Suisse a joui, avec plus ou moins de prudence ou d'enthousiasme, des nouvelles libertés. [Keystone - Michael Buholzer]
Au premier jour de l'abolition du port du masque, la Suisse a joui, avec plus ou moins de prudence ou d'enthousiasme, des nouvelles libertés. - [Keystone - Michael Buholzer]
Au premier jour de l'abolition du port du masque, la Suisse s'est approchée prudemment des nouvelles libertés. Le changement n'est pas aisé pour tout le monde et il est synonyme de grand malaise pour les groupes vulnérables.

De Zurich à Genève, en passant par Berne, Lausanne et Sion, deux ans de pandémie ont laissé des traces chez les Suisses, surtout dans les gares où une certaine retenue était encore perceptible jeudi, ont constaté les journalistes de Keystone-ATS.

Ainsi, de nombreuses personnes masquées étaient encore bien visibles à Lausanne. Certaines personnes interrogées disent préférer rester prudentes, d'autres admettent qu'il faudra un peu de temps pour lâcher ce geste barrière.

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Prudence aux arrêts de bus

A la gare de Zurich, les masques étaient pratiquement omniprésents dans les passages souterrains. Plus l'on montait, en revanche, moins ils étaient répandus.

Même prudence et présence du masque aux stations de métro à Lausanne. La détente était un peu plus perceptible aux arrêts de bus.

A Genève, le masque était encore bien porté aux alentours des arrêts de bus et de tram de Rive et Bel Air. A Berne, sur les quais des gares et aux arrêts de bus, une majorité de personnes portait également des protections faciales.

La joie de servir tout le monde

Dans les cafés et les restaurants, les clients ont en revanche apprécié les nouvelles libertés. Les porteurs de lunettes, en particulier, se sont montrés soulagés que leurs verres ne soient plus constamment embués.

A Lausanne à la mi-journée, si aucune ruée n'a été constatée à l'heure de dîner, la joie était au rendez-vous. "C'est un sentiment de libération et de joie de pouvoir à nouveau accueillir tous les clients, sans différenciation", témoigne Gilles Wegmüller, patron de bars-restaurants en ville.

Servir tout le monde, et sans masque: un retour à la normale très attendu dans la restauration. [Keystone - Laurent Gillieron]
Servir tout le monde, et sans masque: un retour à la normale très attendu dans la restauration. [Keystone - Laurent Gillieron]

Pas de ruée dans les cafés non plus en Valais. "C'est encore relativement calme", confirme une serveuse d'un établissement situé près de la gare de Sion. Pour sa part, elle continue à porter le masque, car elle n'a "pas encore eu le virus et ce serait dommage de l'attraper maintenant", précise-t-elle.

A Genève, dans les tea-rooms, les masques ont en revanche disparu des visages des employés, soulagés de ne plus devoir contrôler le certificat Covid, moins nombreux cette semaine en raison des vacances scolaires. La majorité des commerces du centre-ville n'ont pas anticipé la levée des mesures sanitaires. Tôt jeudi, l'obligation du port du masque était encore affichée sur la plupart des portes.

Moins de masques dans les rues

Le masque était aussi nettement moins présent à Lausanne dans les rues et les magasins, mais de loin pas complètement tombé. Dans plusieurs supermarchés, une minorité de clients le gardait, notamment des seniors. Aux entrées de magasins, le réflexe de sortir un masque de ses poches se faisait encore sentir.

Le sourire des caissières, et une cliente qui a préféré garder le masque: la liberté retrouvé a aussi des accents de prudence. [Keystone - Michael Buholzer]
Le sourire des caissières, et une cliente qui a préféré garder le masque: la liberté retrouvée a aussi des accents de prudence. [Keystone - Michael Buholzer]

Le "ouf" de soulagement le plus remarqué se ressentait du côté des caissières dans les grandes surfaces et le personnel en général des magasins. "Ça fait tellement du bien. C'est bon, on a eu notre dose", dit l'une d'elles en espérant "juste que ça va durer, cette fois".

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Personnes vulnérables inquiètes

Chez les professionnels des soins à la personne, où la distance sociale n'est pas possible, l'abandon subit des mesures sanitaires jeudi rappelle la réouverture soudaine du printemps 2020, avec le sentiment d'être à nouveau lâchés par les autorités. "C'est la gueule de bois ce matin", a témoigné une esthéticienne indépendante qui a perdu 40% de sa clientèle en deux ans de mesures.

Dans un salon de coiffure de Sion, Nancy garde son masque, au cas où ses clientes demanderaient qu'elle le porte. "C'est un souhait de mon patron", précise-t-elle.

Mais ce sont surtout les couches vulnérables de la population qui ressentent que la pandémie n'est pas terminée avec la levée de l'obligation du masque: les personnes âgées, les immunodéprimés et les enfants de moins de cinq ans. C'est sur ces groupes qu'il faut désormais se concentrer, a déclaré la virologue Isabella Eckerle sur SRF.

Ces personnes doivent désormais bien se protéger elles-mêmes, mais le risque de contamination ne peut être nettement réduit que si l'entourage se montre solidaire.

>> Le suivi de la journée : Le président de la Confédération Ignazio Cassis positif au Covid le jour même de la levée des mesures

ats/kkub

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