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Comment parler de l'attaque russe en Ukraine aux enfants?

L'interview de Niels Weber
L'interview de Niels Weber / L'actu en vidéo / 6 min. / le 25 février 2022
Depuis le début de cette année 2022, le conflit en Ukraine domine l'actualité. Omniprésent dans les médias et les réseaux sociaux, il s'invite inévitablement au moment des repas en famille. Faut-il en parler aux enfants? De quelle manière? Avec quels supports? Réponses avec le psychologue et thérapeute de famille Niels Weber.

"Papa, maman, pourquoi il y a la guerre en Ukraine?" Beaucoup de parents ont certainement été confrontés à cette question ces derniers jours. Or, expliquer une situation géopolitique complexe n'est jamais chose aisée, surtout à des enfants.

Mais pourtant la discussion est nécessaire, estime Niels Weber vendredi dans La Matinale: "Il ne faut surtout pas essayer de leur cacher ce genre d'informations, parce qu'ils vont de toute façon y être exposés."

Initier la discussion

Le spécialiste va même plus loin en encourageant les parents à initier eux-mêmes la conversation avec leurs enfants: "Ils peuvent leur demander s'ils ont entendu parler de la situation ukrainienne et ce qu'ils en ont compris."

Et ce n'est pas grave si le sujet ne les intéresse pas. "La discussion, certes, s'arrête là, mais au moins ils savent qu'ils peuvent en parler à la maison, ce qui est primordial. Que ce soit le conflit en Ukraine ou toute autre actualité angoissante d'ailleurs, il faut en parler le plus librement possible."

Comment? "En expliquant qu'il y a tout le temps des conflits à travers le monde et que, parfois, on en parle davantage dans les médias. On peut tout à fait expliquer à un enfant de 10 ans, par exemple, que dans les conflits, il y a parfois des morts, sans entrer dans des détails macabres."

Le risque d'angoisser

Niels Weber insiste: le discours doit être rassurant: "Les enfants ont surtout besoin de savoir si la situation est dangereuse. Ils ne ressentent pas l'inquiétude qui émane de l'Ukraine, mais celle de leurs parents. C'est un phénomène que l'on a observé avec la pandémie ou même avec la série Squid Games (ndlr: un thriller violent, controversé, sur Netflix)."

Et d'ajouter: "Il faut leur dire que, d'une manière ou d'une autre, ça va aller. Cela va leur permettre de ne pas imaginer des choses qui pourraient leur faire peur."

Au-delà du noir et blanc

A la transparence et au tact doit s'ajouter la clarté, un exercice pas forcément aisé. "On serait tenté de peindre un tableau très manichéen, avec des gentils et des méchants. C'est une vision qui parle aux enfants. Or, on sait très bien qu'un conflit est souvent teinté de gris."

Son conseil? "Expliquer la situation avec des mots simples, en expliquant par exemple qu'il y a des gens dans le monde qui sont tellement en désaccord qu'ils en arrivent à une guerre."

Cela implique aussi une recherche d'informations de la part des parents: "Plus on est au courant de ce qui se passe, plus on est à même d'accompagner. Mais il n'y a pas besoin de devenir un expert en géopolitique et de saisir tous les tenants et les aboutissants."

Terminer la discussion avec un dessin

L'image constitue également un bon outil, selon le psychologue: "C'est une bonne idée de contextualiser au moyen d'une carte géographique pour montrer où se situe l'Ukraine et la Russie."

Enseigner au moyen d'un schéma fonctionne aussi. "Mais on peut aussi terminer la discussion en demandant à l'enfant de faire lui-même le dessin pour voir comment il se représente la situation. Cela permet notamment d'observer ses craintes éventuelles. Les enfants expriment beaucoup de choses à travers le dessin et le jeu."

Pour Niels Weber, la question a aussi sa place dans les écoles. Il n'y a aucune raison de ne pas le faire, dit-il. C'est une chose à aborder en classe.

>> Ecouter aussi le sujet de La Matinale sur l'usage des réseaux sociaux dans ce conflit :

Des habitants de Kiev réfugiés dans un abri de la capitale ukrainienne, le 24 février 2022. [Keystone - Serguey Dolzhenko.]Keystone - Serguey Dolzhenko.
Le point sur l'usage des réseaux sociaux dans le conflit ukrainien / La Matinale / 3 min. / le 25 février 2022

Mathieu Henderson

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