Le rapport d'experts de la commission sur le service postal universel dirigée par l'ancienne conseillère aux Etats Christine Egerszegi suggère notamment que dès 2030, les lettres ne soient plus distribuées qu'un jour sur deux. Elle demande aussi que l'accent soit davantage mis sur les colis, contrairement à la distribution de journaux qui ne devrait plus être prioritaire.
"D'ici 2030, l'offre actuelle ne répondra plus aux besoins de la population et des entreprises", résument les experts de la commission. Ils constatent que la vie en Suisse se numérise de plus en plus et que l'envoi de colis devient de plus en plus important. Sans remettre en cause son mandat étatique de service universel, ils estiment que La Poste doit accompagner ces mutations.
Le nombre de lettres acheminées annuellement est passé de 3 milliards en 2002 à 1,7 milliard en 2020. Selon la commission, ce chiffre tombera à un milliard en 2030. La communication numérique sera très répandue et acceptée en Suisse. Il est donc envisageable que les lettres physiques ne puissent plus être distribuées qu'en courrier B, trois fois par semaine. Cette proposition réduirait les coûts pour La Poste.
La Poste catégorique
Dans une réaction, La Poste "salue la tenue d'une vaste discussion sur le service postal du futur. Les différents points soulevés seront examinés minutieusement". Le CEO de l'entreprise, Roberto Cirillo, s'exprimera lors d'un point de presse en ligne le 4 mars. En attendant, la Poste assure qu'elle ne souhaite pas renoncer au courrier A. "Ce n'est pas une option."
"La distribution du courrier dans la boîte aux lettres du destinataire le jour qui suit le dépôt est un service très apprécié par la clientèle privée et commerciale", précise-t-elle.
Concernant les journaux, La Poste entend continuer à assurer leur distribution. Mais contrairement au courrier A, ce service n'est pas rentable. L'entreprise estime donc qu'il doit revenir aux éditeurs de journaux, notamment, de prendre en charge le déficit si les journaux étaient exclus du service universel à partir de 2030. La Poste se verrait dans l’obligation de facturer des prix conformes au marché. Ce sera au Parlement de décider.
Concernant les paiements (versements et retraits), pour lesquels la commission propose de soumettre le service universel à un appel d'offres public, La Poste et PostFinance jugent qu'"une solution de financement durable est nécessaire (...). Dans ce contexte, il est impératif de tenir compte des interdépendances entre le réseau postal et les services de paiement".
ats/boi