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Ignazio Cassis et la Russie: "On n'a pas le droit de laisser faire"

Le président de la Confédération Ignazio Cassis s'explique sur la stratégie adoptée dans la crise ukrainienne
Le président de la Confédération Ignazio Cassis s'explique sur la stratégie adoptée dans la crise ukrainienne / 19h30 / 2 min. / le 27 février 2022
La semaine a été éprouvante pour le Conseil fédéral, en quête de la bonne riposte politique face à la Russie dans le cadre de son invasion de l'Ukraine. Invité du 19h30 de la RTS dimanche soir, le président de la Confédération Ignazio Cassis imagine un durcissement des sanctions dès lundi, y compris un gel des avoirs russes.

Face aux événements des derniers jours, il y a "malheureusement" de quoi être inquiets, souligne d'emblée Ignazio Cassis. "C'est la plus violente rupture du droit international public sur sol européen depuis la Seconde Guerre mondiale", rappelle-t-il. "On est face à quelque chose de nouveau, que ma génération ne pouvait même pas imaginer".

Le président de la Confédération en profite pour "exprimer toute la solidarité de la Suisse et des Suisses" envers le peuple ukrainien et leurs autorités démocratiquement élues. "Nous sommes prêts à leur donner toute l'aide dont ils ont besoin", assure-t-il.

Pressions pour durcir les sanctions

La pression de la rue et des partis s'accentue sur le Conseil fédéral, avec notamment des milliers de manifestants samedi à Berne et dans d'autres villes de Suisse. Le gouvernement est appelé à prendre des mesures plus radicales.

>> Presque tous les partis réclament un durcissement des sanctions :

Les Suisses réclament de nouvelles sanctions contre la Russie
Les Suisses réclament de nouvelles sanctions contre la Russie / 19h30 / 1 min. / le 27 février 2022

"Le Conseil fédéral, dans sa séance extraordinaire de jeudi, a décidé de durcir fortement les sanctions de la Suisse", rappelle le chef du Département fédéral des affaires étrangères.

Gel des avoirs russes en vue

"Il y aura demain [lundi] une nouvelle séance extraordinaire. Jeudi, on a donné le mandat aux départements compétents des Finances et de l'Economie de préparer le paquet, de faire des propositions à plusieurs niveaux. Il y a eu encore des discussions entre-temps". C'est très probable que le Conseil fédéral aille dans le sens d'un durcissement des sanctions et notamment d'un gel des avoirs russes comme l'a décidé l'Union européenne, estime Ignazio Cassis, "mais je ne peux pas anticiper des décisions qui n'ont pas encore été prises".

Relancé sur la nécessité, pour la Suisse, de montrer des signes de fermeté, le conseiller fédéral en convient. "Il est important que l'on puisse réagir de manière forte face à cette violente rupture du droit international public. C'est du jamais vu et on n'a pas le droit de laisser faire ce genre de choses."

Mesures "bien plus sévères" qu'en 2014

Le Tessinois, rappelant la neutralité suisse, note qu'il n'est pas question d'intervenir au niveau militaire. "Donc il ne reste que des sanctions qui mettent une forte pression sur la Russie", souligne-t-il, assurant qu'il s'agira de "mesures bien plus sévères" qu'en 2014 lors de l'annexion de la Crimée.

"Notre neutralité ne peut pas être discutée, notre marge de manœuvre diplomatique doit pouvoir continuer à exister", ajoute le président de la Confédération. Mais "ceci ne nous empêche pas d'appeler un chat, un chat".

"Un point de non-retour" en Europe

Relancé encore sur les propos du chancelier allemand Olaf Scholz, qui a dit que le monde avait changé d'époque, Ignazio Cassis abonde: "Je crois que cet événement incroyablement inattendu est un point de non-retour. Il faudra reconstruire une nouvelle architecture de sécurité en Europe".

Le président de la Confédération Ignazio Cassis se prononce sur les sanctions adoptées par la Suisse
Le président de la Confédération Ignazio Cassis se prononce sur les sanctions adoptées par la Suisse / 19h30 / 5 min. / le 27 février 2022

>> La suite de l'interview d'Ignazio Cassis:

Propos recueillis par Jennifer Covo/oang

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Conférence de paix à Genève démentie

Des discussions entre l'Ukraine et la Russie ont débuté dimanche soir à la frontière entre l'Ukraine et la Biélorussie. En fin de semaine, certains médias suisses avaient évoqué une possible conférence de paix durant la semaine à venir à Genève.

"C'étaient des spéculations médiatiques, il n'y a jamais eu lieu de parler d'une conférence de paix à Genève", assure Ignazio Cassis.

"Nous sommes en contact avec les deux parties, je suis très content que ce dialogue diplomatique puisse démarrer ce soir. Le chemin est encore long, mais seule une solution politique peut nous faire sortir de cette crise".

Si les discussions entamées dimanche sont un succès, "il est possible que l'on puisse arriver rapidement à un armistice. Sinon, il faudra chercher d'autres chemins et nous sommes là", ajoute encore le président de la Confédération.

Portes de la Suisse ouvertes aux réfugiés ukrainiens

A la question de savoir combien de réfugiés ukrainiens la Suisse est prête à accueillir, Ignazio Cassis répond simplement:

"On n'a même pas besoin de répondre à cette question, puisque les citoyens ukrainiens sont libres d'entrer en Suisse. Ils n'ont pas besoin d'un visa", rappelle-t-il.

"Et nous allons les accueillir comme des frères, comme des sœurs, européens, qui ont besoin d'une protection, en tout cas pour une période transitoire que l'on espère la plus courte possible".