Bouteille en PE, brique alimentaire ou bouteille en verre: laquelle est la moins néfaste pour l’environnement?
Oui, répond Sébastien Humbert, expert en bilan écologique chez Quantis, cabinet de conseil basé à lʹEPFL, dans l'émission On en parle. Pour réaliser son calcul, Sébastien Humbert prend en compte le cycle complet de l'emballage: de l'extraction des matières premières pour fabriquer l'emballage à sa fin de vie qui peut être l'incinération ou le recyclage.
La brique alimentaire meilleure que la bouteille en PE
Verdict: même en finissant à l'incinération, la brique alimentaire est l'emballage qui a le bilan écologique le plus bas, suivi de près par la bouteille en polyéthylène recyclé (PE), puis la bouteille en PE non recyclée et enfin la bouteille en verre qui part au recyclage. Cette différence s'explique par la nature de la matière première qui compose l'emballage. A grammage égal, le carton qui compose les ¾ de la brique alimentaire est moins néfaste pour l'environnement que le pétrole qui sert à la fabrication de la bouteille en PE.
La bouteille en verre intéressante après au moins 10 utilisations
Ceci dit, la bouteille en verre peut devenir très intéressante si on la fait remplir au moins une dizaine de fois et pour autant que l'on ne fasse pas un trajet additionnel en voiture. "C'est intéressant d'utiliser une bouteille en verre si vous allez à pied au marché pour la faire remplir", explique Sébastien Humbert. "En revanche, si vous allez en voiture dans la ferme située à 2km de chez vous, la quantité de pétrole que vous utilisez pour déplacer la tonne que pèse votre voiture est supérieure à ce que vous allez utiliser en fabriquant une nouvelle bouteille".
Sébastien Humbert rappelle qu'il y a certes des intérêts socio-économiques à aller chercher le lait en voiture directement chez le paysan, mais l'argument écologique n'est pas valable si le déplacement se fait en voiture.
Le top: recycler la brique alimentaire
Enfin, la meilleure des solutions consisterait à recycler la brique alimentaire. Depuis décembre 2021, la ville de Lausanne récupère les briques et les envoie dans une usine au sud de l'Allemagne. Cette usine récupère le carton qui compose 74% de la brique alimentaire pour en faire du carton ondulé. Les autres matières, la fine couche d'aluminium et le plastique sont valorisées thermiquement.
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"Même en envoyant les briques par camion à 600 km, cela reste intéressant", explique Sébastien Humbert, "puisque ce transport ne représente que 2% de l'impact écologique de la brique, alors que le recyclage permet de gagner 10%, donc mieux vaut envoyer des briques alimentaires au recyclage en Allemagne, plutôt que de les brûler localement". Le recyclage des briques est également accessible pour les petites communes. Sébastien Humbert, qui est également municipal de Le Vaud, vient de mettre en place cette solution dans la déchetterie du village.
La meilleure des solutions consisterait à avoir une usine de recyclage ici en Suisse romande. Il en existait une, mais elle est à l'arrêt faute de quantité suffisante à recycler. "La technologie est là, mais il manque malheureusement les conditions-cadres pour encourager toutes les communes à collecter les briques alimentaires."
Frédérique Volery