Selon un document de 2017 que la Confédération a fini par fournir à la RTS après un recours à la Loi sur la transparence, la moyenne nationale du nombre de places sécurisées - privée ou publique - atteint 110%. Sept cantons affichent pourtant un déficit de places, parmi lesquels Genève et Neuchâtel, où seule 75% de la population pourrait trouver refuge dans un abri PC. Parmi les pires élèves, on retrouve aussi Fribourg (90%) et Vaud (97%).
Des bâtiments non pris en compte
A Genève, on souligne que les abris se construisent encore, mais aussi que certains lieux, comme des gares, ne sont pas pris en compte dans la statistique. Selon le canton, ces endroits pourraient faire l'affaire s'ils étaient réquisitionnés.
Du côté de Neuchâtel, le conseiller d'Etat Alain Ribaux note qu'il n'y aurait en fait pas besoin de construire les 46'000 places manquantes. Il précise qu'avec des remises aux normes, des contrôles d'installations et des acquisitions de lits et de toilettes, le taux de 75% monterait à 95%. D'autres solutions sont aussi à l'étude, selon le ministre neuchâtelois.
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"Un vestige de la Guerre froide"
Jusqu'ici, la question des abris PC n'était pas prioritaire et le contexte politique était plutôt au relâchement. A Berne, sous la Coupole fédérale, des assauts réguliers ont été menés contre les abris PC, souvent qualifiés de "vestiges de la Guerre froide".
Le contexte de la guerre en Ukraine a pourtant fait renaître de nouvelles préoccupations. Des citoyens contactent les autorités pour savoir où est leur place en abri PC. A Bienne (BE), la Ville est confrontée à de nombreuses demandes, au point qu'elle a décidé d'expliquer sur son site internet qu'il était peu probable que le conflit armé se déplace jusqu'en Suisse. L'attribution des places n'est pas à l'ordre du jour.
Paiements sans contre-prestation
Selon la loi, tout citoyen a droit à une place en abri PC. Aujourd'hui, seuls certains immeubles doivent prévoir des abris antiatomiques. Les autres nouvelles constructions paient une taxe d'exemption de plusieurs milliers de francs, qui doit servir à cofinancer des lieux sécurisés.
Là où les places manquent, les contribuables paient sans contre-prestation. Même aux Grisons, où il y a pratiquement une place et demie par habitant à l'échelle du canton, certaines communes en sont dépourvues. Le canton - qui a la volonté politique de compter beaucoup d'abris pour y loger les touristes - y travaille.
Romain Carrupt/jfe