Christophe Darbellay: "L'accueil des enfants ukrainiens va être un grand défi pour l'école"
Plus de 3000 réfugiés ukrainiens, en majorité des femmes avec enfants, ont déjà été enregistrés en Suisse. "C'est une situation sans précédent. Au total, on s'attend à accueillir jusqu'à 60'000 personnes, selon la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter. Il faut se préparer à scolariser tous ces enfants", indique Christophe Darbellay lundi dans La Matinale.
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Selon le conseiller d'Etat valaisan en charge de la formation, entre 700 et 800 élèves ukrainiens seront scolarisés dans son canton. "A l'heure actuelle, il y en a une petite vingtaine. Mais assez rapidement cela deviendra un grand défi pour l'école et les enseignants", assure-t-il.
En tant que président de la Conférence intercantonale de l'instruction publique de la Suisse romande et du Tessin (CIIP), l'élu est en première ligne. "Nous allons discuter cette semaine des options pour cet accueil. Il y a encore passablement de points d'interrogation. Nous devons rester agiles et flexibles."
Enseignants supplémentaires
A Genève, près de 5000 enfants ukrainiens pourraient être scolarisés. Le canton a d'ores et déjà indiqué que des ressources supplémentaires seront allouées pour trouver des locaux et des enseignants supplémentaires.
"Il faudra des crédits en plus, on ne peut pas se leurrer quand on parle d'un pareil nombre", confirme Christophe Darbellay. Dans un marché "relativement tendu" avec une "quasi pénurie" de professeurs, le défi est de taille.
"Il faudra peut-être augmenter des temps de travail, rappeler des retraités disposés à venir nous prêter main forte. L'école a été extraordinaire dans la gestion de la crise du Covid. On rentre maintenant dans une autre cirse. Il faut être très attentifs à la santé des enseignants, à ce qu'on leur demande. On va réussir, il y a un très grand élan de solidarité et il faut qu'il dure", relève le conseiller d'Etat.
"Les bases du langage"
Si le nombre d'enfants ukrainiens en Suisse devient trop important pour la scolarisation dans des classes normales, des centres d'accueil ou d'asile pourraient être utilisés pour accueillir des élèves. "L'objectif est d'abord de leur donner les bases du langage, l'allemand, le français ou l'italien en fonction de la région, et ensuite de pouvoir continuer les apprentissages", explique Christophe Darbellay.
Le canton du Valais compte actuellement 800 élèves allophones. Ce chiffre devrait donc être doublé avec l'arrivée des enfants ukrainiens. "Il faut vraiment les accueillir, être sensibles à notre tradition humanitaire et leur donner de bonnes conditions de vie ici. On ne sait pas combien de temps ça va durer."
Propos recueillis par Valérie Hauert
Adaptation web: Guillaume Martinez