"Des mesures pour contrer la pénurie de médecins deviennent urgentes", titre la Fédération des médecins suisses (FMH) dans son dernier bulletin publié mercredi. La statistique médicale 2021 montre la poursuite de la tendance au vieillissement du corps médical et à l'augmentation des médecins titulaires d'un diplôme étranger (38,4% du total, en progression de 1% sur un an).
Un médecin sur deux a plus de 50 ans
Sur les 39'222 praticiens (+1,9% sur un an) exerçant en Suisse l'an dernier, un sur deux était âgé de 50 ans ou plus et un sur quatre de 60 ans ou plus. La féminisation de la profession s'est poursuivie. Aujourd'hui, la part des femmes dans la profession atteint 44,9% (leur nombre s'est étoffé de près de 700 praticiennes).
En 2005, l'âge moyen du corps médical en médecine ambulatoire s'élevait à 52 ans. Il se situe aujourd'hui à 55 ans. Dans le secteur hospitalier, il est passé de 40 à 44 ans.
La moitié des praticiens étrangers sont allemands
Les médecins d'origine étrangère proviennent majoritairement d'Allemagne (52% d'entre eux). Suivent, loin derrière, l'Italie (9,2%), la France (7,2%) et l'Autriche (6%).
La FMH prévoit que la dépendance vis-à-vis de l'étranger continuera à augmenter. En 2021, 1118 médecins ont obtenu leur diplôme fédéral. La même année, la Commission des professions médicales (MEBEKO) a reconnu 2736 diplômes de médecin étrangers. En ce qui concerne les titres de spécialiste, 1666 médecins ont obtenu un titre fédéral, et 1316 titres diplômes étrangers ont été admis.
La médecine interne générale est la discipline la plus répandue (21,5%), suivie de la psychiatrie et psychothérapie (10%), de la pédiatrie (5,3%) et de la gynécologie et obstétrique (5,1%).
Femmes en pédiatrie, hommes en chirurgie
Les femmes sont nettement majoritaires en pédiatrie (66,8%), psychiatrie et psychothérapie pour enfants et adolescents (66,4%) ainsi qu'en gynécologie et obstétrique (65,8%).
Les hommes, eux, sont très nettement majoritaires dans les disciplines chirurgicales (chirurgie orale et maxillo-faciale avec 92,3%, chirurgie thoracique (90,9%) et chirurgie orthopédique (86,6%).
Dans le secteur hospitalier, la part des femmes diminue à mesure que l'on monte dans la hiérarchie. Elle est prépondérante chez les médecins assistants (59,5%), importante parmi les chefs de clinique (49,8%) mais n'atteint que 29,5% chez les médecins adjoints et 15,3% chez les médecins-chefs.
Cela est notamment dû au fait, explique la FMH, que les postes de médecins-cadres et de médecins-chefs sont plus souvent occupés par des personnes appartenant aux tranches d'âge supérieures, dans lesquelles les femmes sont sous-représentées.
>> Lire : Davantage de femmes médecins, mais toujours peu de cheffes
ats/oang
Les enjeux politiques de la situation
La Suisse disposera-t-elle encore à l'avenir d'assez de médecins pour soigner de manière appropriée les patients? Cela dépendra des décisions politiques à venir, prévient la FMH.
Il s'agit notamment de l'adoption éventuelle, par le Conseil fédéral, du nouveau tarif médical (Tardoc, à la place du TarMed) qui renforcerait la médecine de premier recours.
Il s'agit également de la maîtrise des tâches administratives afin que les médecins aient assez de temps pour leurs patients ou encore d'un éventuel plafond des dépenses qui entraînerait les reports de certains traitements.
"La qualité et la performance du système de santé suisse dépendent aussi des conditions dans lesquelles les médecins peuvent exercer leur profession en Suisse", conclut la FMH.