Europol a à son tour alerté lundi contre le risque pour les réfugiés ukrainiens fuyant l'invasion de leur pays de tomber dans des réseaux de trafic d'êtres humains en arrivant dans l'UE, exhortant les pays d'accueil à rester attentifs.
Une situation que constate également Angela Oriti, directrice de l'association Astrée à Lausanne. "La migration forcée fait partie des conditions de vulnérabilité représentant un terrain fertile pour les individus ou les groupes criminels", confirme-t-elle dans La Matinale.
Situation de dépendance
Dans un communiqué de presse, la FIZ, l'association alémanique qui lutte contre la traite des femmes, explique l'engrenage dans lequel peuvent se trouver les réfugiés ukrainiens. Ces personnes, en particulier les mineurs non-accompagnés, dépendent actuellement des autres pour se nourrir, se loger ou encore se déplacer. Le risque d'exploitation par des personnes malveillantes est donc très grand, explique l'organisation.
L'association en veut pour preuve les nombreuses situations rapportées par des victimes originaires de Syrie, d'Afghanistan et d'autres pays africains. Une fois arrivées en Suisse, certaines femmes se retrouvent forcées à la prostitution ou payées au lance-pierre.
"Il s'agit souvent de fausses promesses. Les personnes n'ayant pas d'autres alternatives et étant obligées d'accepter de l'aide acceptent ces propositions. Par la suite, elles se retrouvent dans un piège, contraintes à la prostitution ou à d'autres domaines d'activités contre leur volonté", détaille Angela Oriti.
25 cas par année dans le canton de Vaud
La Suisse n'est pas épargnée par la problématique de la traite des êtres humains, comme le confirme la directrice d'Astrée. "En moyenne par année, nous avons 25 cas de traite dans le canton de Vaud. Il y a 87 victimes prises en charge. Pour nous, c'est une réalité quotidienne", explique-t-elle dans La Matinale.
Selon Angela Oriti, les familles d'accueil ne sont pas épargnées par ce phénomène varié, malgré de nombreux documents à fournir, dont un casier judiciaire. "Il peut y avoir des gens qui souhaitent prendre en charge et héberger des personnes venant d'Ukraine ou d'ailleurs, et par la suite, elles profitent de la situation de vulnérabilité pour les exploiter."
Dans le cas spécifique de la crise ukrainienne, les personnes arrivant sur le territoire helvétique ont toutefois droit à une protection supplémentaire: un permis S qui leur garantit notamment de pouvoir travailler légalement.
Pour lutter contre la traite des êtres humains, la FIZ demande à la Confédération d'étendre cette protection à d'autres nationalités. Selon elle, des transports devraient également être organisés depuis l'Ukraine ou ses pays voisins directement vers la Suisse.
Propos recueillis par Valérie Hauert
Sujet radio: Joëlle Cachin
Adaptation web: Jérémie Favre