Publié

Accueil des réfugiés ukrainiens: les initiatives citoyennes saluées par l’EVAM

Des réfugiés ukrainiens embarquent à bord d'un train dans la ville polonaise de Przemysl. [AP/Keystone - Sergei Grits]
Accueil des réfugiés ukrainiens: quelles solutions? / On en parle / 13 min. / le 21 mars 2022
Face à l’afflux massif de réfugiés ukrainiens en Suisse, les centres d’accueil sont dépassés. Pour éviter que des réfugiés passent la nuit sans abri, des solutions citoyennes d’urgence s’organisent en ligne et sur les réseaux sociaux. Comment officialiser ces démarches?

"Jusqu'à 60'000 personnes pourraient chercher un refuge en Suisse en raison de l'invasion russe en Ukraine", avait averti la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter lors d’une conférence de presse le 10 mars 2022. "C'est un très grand défi pour notre pays", avait-elle ajouté.

Le Secrétariat d'Etat aux Migrations (SEM), passé en mode "crise", doit réaffecter une partie de son personnel, notamment des assistants sociaux, pour gérer entre 500 et 1000 nouvelles arrivées par jour de réfugiés ukrainiens. Un flux de migrants "sans précédent" depuis la Seconde Guerre mondiale, selon le SEM.

Système D pour pallier la pénurie de logements d’accueil

Face aux centres d’accueil débordés, les familles migrantes s’organisent pour trouver des solutions d’urgence pour la nuit. Des pages Facebook comme "Switzerland for Ukraine", le site suisse 'Free Ukraine' et la plateforme web indépendante "ukrainetakeshelter.com" mettent en relation réfugiés ukrainiens avec hôtes et logements potentiels. Un système D qui contourne les procédures habituelles.

Erich Dürst, directeur de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), a quelques recommandations lorsqu’il s’agit d’héberger une famille ukrainienne par l’un de ces moyens "non-officiels": "Il est important que les personnes accueillies disposent d’une chambre personnelle, pour avoir un minimum d’intimité. Il faut aussi se mettre d’accord sur la manière de partager les espaces communs, pour une cohabitation harmonieuse sur la durée", précise-t-il à la RTS.

Des démarches administratives nécessaires

Au niveau administratif, il est dans l’intérêt des réfugiés d’obtenir le permis S, qui donne accès à l’assurance maladie et aux aides sociales de l’EVAM. Pour ce faire, ils doivent s’inscrire sur la plateforme du Secrétariat d’aide aux migrations pour obtenir un rendez-vous dans l’un des centres fédéraux. Dès la confirmation du rendez-vous, ils auront immédiatement accès à ces deux prestations. De plus, si les personnes réfugiées sont à la recherche de proches, leur enregistrement auprès de l’Etat leur permet d’accéder au service de recherche de la Croix-Rouge.

Quant aux personnes accueillant des réfugiés, elles doivent s’annoncer à leur bailleur dans le cas d’une sous-location. Il est aussi recommandé, mais pas obligatoire, qu’elles en informent leur commune. Dans le cas d’accueil de familles avec enfants, Erich Dürst recommande de s’engager à les héberger au moins jusqu’aux vacances d’été. "Ainsi, les enfants pourront terminer leur année scolaire dans un même établissement."

Erich Dürst salue ces initiatives citoyennes: "Nous n’aurions pas été capables de créer autant de places d’hébergement en si peu de temps. Les efforts se poursuivent. Nous avons ouvert un site temporaire à Beaulieu avec la protection civile, et nous travaillons sur d’autres solutions plus durables."

Il souhaiterait également que la solidarité de la population ne soit pas exclusive aux Ukrainiens, mais qu’elle s’applique aussi aux réfugiés syriens et afghans par exemple. Il lance également un appel: l’EVAM est actuellement à la recherche de personnel, notamment d’assistants sociaux.

Sujet radio et propos recueillis par Didier Bonvin

Adaptation web: Myriam Semaani

Publié