Fans d'aventure, de camions ou de disco: ces parlementaires inconnus en Suisse romande
FLORENCE BRENZIKOFER (Verte/BL) - L'aventurière
Une enseignante qui fait le plein d'énergie en nature. On a de la peine à se l'imaginer ailleurs que chez les Verts. Florence Brenzikofer file au grand air dès qu'elle en a l'occasion. Son terrain de jeu? Les Alpes. En peau de phoque en hiver, en randonnée l'été.
Son amour de la nature la pousse à défendre les causes environnementales. Mais c'est surtout son parcours de toute jeune maman qui a créé le déclic pour s'engager en politique: "J'ai eu mon premier enfant pendant mes années d'études. Mon mari et moi avons dû nous organiser. Ce n'était pas évident, car nous vivons en zone rurale. C'est là que j'ai réalisé qu'il y avait des grandes inégalités et cela m'a motivé à changer notre système", explique-t-elle.
Le premier garçon de la Bâloise de 46 ans est suivi par deux autres enfants. Un voyage en Amérique du Sud vient compléter l'image de la parfaite famille "bobo-écolo". En 2006, toute la smala embarque pour la Bolivie. Elle y vivra à la campagne, en y inscrivant les enfants à l'école locale.
Dessiner les passagers dans les trains
Florence Brenzikofer revient deux ans plus tard, avec une certitude dans son sac à dos: la démocratie suisse est un privilège. "On a beaucoup de possibilités, entre les initiatives et les référendums. Et, lorsqu'on est à l'étranger, dans un pays comme la Bolivie, on se rend compte qu'il n'y a pas les mêmes possibilités."
Du Grand Conseil de Bâle-Campagne, la Verte accède au Conseil national en 2019. A côté de son mandat politique, elle exerce le métier d'enseignante au secondaire. Chaque matin, lorsqu'elle pousse la porte de la classe, elle se réjouit d'échanger avec les jeunes. Ils sont plus directs que les adultes, dit-elle.
THOMAS BRUNNER (PVL/SG) - Saint-Gallois d'origine, Bernois de coeur
Une taquinerie et pas de mal de hasard, voilà ce qui a lancé Thomas Brunner en politique. "Je me suis toujours intéressé à la politique, mais je n'ai jamais eu l'impression que c'était vraiment à moi de m'engager. Et, un jour, quelqu'un m'a dit: 'Tu sais toujours tout, mieux que tout le monde. Mais, au final, tu ne fais rien'."
Ce sera donc les Vert'libéraux pour le Saint-Gallois. L'écologie, c'est une évidence, mais pas le côté "restrictif" des Verts, dit-il.
Après avoir siégé au Parlement de la ville de Saint-Gall, il atterrit sous la Coupole fédérale à Berne, à la quatrième tentative.
Si le Parlement fédéral est nouveau, la ville ne l'est pas: Thomas Brunner y a fait ses études dans le domaine du climat. D'ailleurs, sa jeunesse bernoise, c'est la plus belle période de sa vie, souligne-t-il.
Berne, un autre monde
"J'étais choqué quand je suis arrivé à Berne", lâche-t-il. "Je me suis rendu compte que pour se dire bonjour on se serrait dans les bras, on se faisait des bises. J'ai dû apprendre à adopter cette manière de faire. Au final, ça m'a fait vraiment plaisir."
Thomas Brunner avoue même avoir participé à quelques manifestations quand il habitait dans la capitale suisse, à la fin des années 1980.
Aujourd'hui, ce qu'il aime, c'est se baigner dans l'eau glacée de l'Aar, au printemps. A Berne, ou ailleurs, il aime être dehors, loin des écrans d'ordinateurs. Sa grande passion reste le vélo, pour aller au travail ou voyager.
SANDRA LOCHER BENGUEREL (PS/GR) - La fan de disco
Sandra Locher Benguerel n’était pas prédestinée à parler le romanche. Née dans le canton de Soleure, elle se voyait bien y rester, mais l’amour en a décidé autrement. Il y a 20 ans, alors toute jeune enseignante, elle décide de suivre Philippe, son futur mari, à l'est de la Suisse.
Les Grisons, eux, étaient bien prédestinés à plaire à la politicienne socialiste. Passionnée d’endurance et de beaux paysages, Sandra Locher Benguerel arpente son canton d’adoption tout au long de l’année: ski de fond ou de randonnée en hiver, course en montagne en été, elle n’est pas du genre à rester sur son canapé.
Et elle ne manque pas d’énergie non plus quand il s’agit de défendre les causes qui lui tiennent à cœur. Parmi elles, l’égalité des chances et l’accès à la formation: "Mon père a eu une enfance similaire à celle d’un enfant placé. Il a grandi en travaillant dans les montagnes, chez des proches. Ensuite, il a dû partir pour travailler, mais il n’a pas pu choisir le métier qu’il souhaitait faire. Ma mère non plus. Cela m’a fortement politisée."
Une jeunesse sauvage
Maîtresse d’école, sportive et politicienne. Sandra Locher Benguerel a tout d'une femme sérieuse et bien rangée. Mais quand on lui demande si elle a une face cachée, elle n'hésite pas longtemps: "J'ai eu une jeunesse assez sauvage. J'aime les fêtes, l'exubérance. J'ai encore un côté un peu sauvage, que l'on imagine probablement pas au Parlement."
Et pour danser, justement, l'élue grisonne a un penchant pour la musique des années 80 et les tubes disco.
STEFANIE HEIMGARTNER (UDC/AG) - La chauffeuse poids lourd
Son truc à elle, ce sont les camions. Stefanie Heimgartner est tombée dans la marmite, ou plutôt la remorque, toute petite.
Elle a grandi avec sa famille au-dessus de l’entreprise familiale, spécialisée dans le transport de marchandises: "J’ai toujours eu des camions autour de moi. Je n’avais pas de poupée Barbie, j’avais surtout des Lego, des camions et des voitures pour jouer. Il m’arrive de regarder des documentaires sur les poids lourds à la télé, c’est vraiment l’une de mes grandes passions."
C’est donc tout naturellement qu’à 18 ans, elle passe son permis poids lourd et conduit des véhicules pour l’entreprise familiale. Quinze ans plus tard, c’est elle qui prend les rênes de Heimgartner Transport AG. Elle devient la sixième génération à la diriger.
La politique, par hasard
A côté des affaires, il y a la politique. Et contrairement aux camions, elle y est tombée dedans par hasard, lors de son apprentissage: "J’ai rencontré des collègues qui étaient membres des Jeunes UDC. J’ai remarqué qu’ils avaient les mêmes valeurs que moi. Ensuite, je me suis rendue à l’une de leurs rencontres et c’est comme ça que je suis entrée en politique."
Du Conseil municipal de Baden au Grand Conseil argovien, jusque sous la Coupole fédérale, son ascension est fulgurante. Être membre d’un parti comme l’UDC, dominé par des hommes, ne la gêne pas. Bien au contraire.
Stefanie Heimgartner est habituée aux milieux masculins. Elle a fait partie du corps de pompier de sa commune. Et, surtout, elle s’est engagée dans l’armée, comme soldate. Elle a servi au sein de la Swisscoy, au Kosovo, en tant que... chauffeuse de camion.
ALEX FARINELLI (PLR/TI) - L'héritage de la "nonna"
Dans la famille PLR, on demande Alex Farinelli. Economiste, membre de la commission des finances du Parlement et vice-directeur de la section tessinoise de la Société suisse des entrepreneurs, le conseiller national doit sa passion de la politique à sa grand-mère. "Elle était tout le temps présente aux manifestations du parti et m'emmenait avec elle. Pour moi, c'était quelque chose d'intéressant de voir le fonctionnement des choses depuis derrière. Après, c'était parti..."
A l'âge de 22 ans, Alex Farinelli obtient son premier mandat politique. Le Tessinois enchaîne et acquiert très vite une réputation d'enfant prodige de la politique: Conseil municipal, Grand Conseil, syndic de Comano et finalement les arcanes du Conseil national en 2019.
"Je pense que j'ai des caractéristiques qui, probablement, sont bonnes pour la politique. Je ne me considère pas comme un génie ou un prodige, eux font autre chose. Pour moi, c'est naturel de faire de la politique; j'essaie tout le temps de dire ce que je pense. Je crois que la population apprécie cela et pas seulement les gens de mon parti", estime-t-il modestement.
Le mariage pour tous les couples, point d'orgue
Sous la Coupole, Alex Farinelli a vécu un moment fort lorsque le Parlement a accepté le mariage pour toutes et tous. En couple avec un homme, il estime que cette votation a été un déclic plus personnel pour lui. "Ce jour-là, j'ai compris que c'était important que les personnes qui ont une position publique montrent que les choses sont normales. C'est particulièrement important pour les gens qu'il y ait un 'exemple'. Les gens doivent être jugés pour ce qu'ils font, pas sur la manière dont ils vivent."
Pour le Tessinois, la politique est une chose, mais le temps libre a également son importance: "J'essaie tout le temps de garder du temps libre. Je ne veux pas me retourner lorsque j'aurai 50 ou 60 ans et avoir des regrets, je veux octroyer du temps à mon copain et à mes amis aussi."
Mathieu Henderson