Les infractions pénales diminuent, tandis que celles liées au numérique prennent l'ascenseur
Pour cette seconde année de publication en matière de criminalité numérique, une augmentation des infractions rapportées et dénoncées à la police était attendue, a souligné lundi l'Office fédéral de la statistique (OFS) dans sa Statistique policière de la criminalité (SPC).
On compte une moyenne de 83 dénonciations par jour. Pratiquement 88% d'entre elles concernent le domaine de la "cybercriminalité économique".
La hausse s'est concentrée sur les "cyberescroqueries". Détaillées pour la première fois cette année, deux types d'arnaques prédominent: la non-livraison de marchandises vendues sur des sites de petites annonces (6884 infractions) et l'usurpation des systèmes de paiement personnels ou de l'identité (voire de toutes données d'identification personnelle) pour commettre des fraudes (6670).
Selon la Conférence des commandants des polices cantonales (CCPCS), la numérisation croissante du quotidien favorise cette tendance à la hausse. Les conditions de vie durant la pandémie de Covid-19 ont également eu un impact.
Moins d'homicides, plus de viols
Globalement, les infractions sont en baisse entre 2020 et 2021, tant pour celles relevant du code pénal (-1,6%), que de la loi sur les stupéfiants (-11,2%) ou de la loi sur les étrangers et l'intégration (-3,3%), relève la SPC. Le nombre d'infractions pénales (415'008) diminue pour la neuvième fois consécutive.
Le nombre d'homicides a notamment été l'un des plus bas depuis le début du relevé statistique en 1982, avec 42 cas l'an dernier contre 47 en 2020. La majorité (54,8%) ont été commis dans la sphère domestique. Quinze femmes et un homme ont été tués dans le cadre d'une relation de couple actuelle ou ancienne. Trois enfants ont été tués par l'un des parents. Au total, 19'341 infractions ont été enregistrées par la police dans le domaine domestique (-4%).
Le nombre total d'actes de violence grave dénoncés est resté stable en 2021, avec 1665 infractions. Un repli s'observe du côté des homicides (consommés ou tentés) ou des lésions corporelles graves, mais le nombre de viols a augmenté de 44 cas pour un total de 757. Il s'agit de la valeur la plus élevée de la dernière décennie.
Les violences envers les autorités ou les fonctionnaires restent à un haut niveau avec 3557 infractions. Ce chiffre est similaire à celui de l'année précédente.
ats/vajo
Pascal Lüthi: "Il est fort possible qu'il y ait dix fois plus de cas"
L'augmentation du nombre d'infractions "numériques", +24% l'an dernier en Suisse, reflète aussi le travail de la police, selon le commandant de la Police cantonale neuchâteloise Pascal Lüthi.
"Ces dernières années, les capacités d'enregistrement et de traitement des affaires, ainsi que les compétences de la police ont massivement augmenté", explique-t-il, mardi dans La Matinale. Et d'ajouter: "La police ne voit et n'enregistre que la pointe de l'iceberg."
Pascal Lüthi s'appuie sur un sondage réalisé en 2019 par la police neuchâteloise: "Il semble qu'il y ait davantage de victimes d'escroqueries sur internet que de vols, alors que les cas enregistrés ne sont que de 10%. Il est fort possible qu'il y ait dix fois plus de cas que ceux qui sont enregistrés."
Taux d'élucidation comparable au monde réel
Les deux exemples les plus courants, "qui font le volume", sont les arnaques à la petite annonce en ligne et les commandes frauduleuses, usurpation d'identitié. Au total, 30% des cas sont élucidés. Ce chiffre est comparable au taux d'élucidation dans le monde réel, souligne Pascal Lüthi.
"Il ne faut pas attendre de la chaîne pénale, de la police, plus d'efficacité dans le cyber que dans la délinquance usuelle. Le premier rempart appartient à l'utilisateur d'internet, sa prudence doit augmenter", insiste-t-il.
Celui qui est également président de la Conférence latine des commandants des polices cantonales observe qu'un volume important des affaires sont locales: "Certes, il y a une grande criminalité qui se situe à l'étranger, mais un gros nombre de voleurs, arnaqueurs sont bien locaux."
Davantage de mineurs impliqués
L'an dernier, 82'284 personnes ont été prévenues pour des infractions au code pénal. Ce chiffre se répartit entre 13,3% de mineurs, 15,9% de jeunes adultes et 70,9% d'adultes.
Par rapport à l'année précédente, le nombre d'adultes (-1%) et de jeunes adultes (-5,8%) impliqués a diminué, contrairement à celui des mineurs (+3,5%).
Les mineurs commettent en majorité des infractions de moindre gravité comme des dommages à la propriété sans vol (2260 prévenus mineurs), des vols à l'étalage (1890) ou des voies de fait (1057). Cependant, 3455 ont été dénoncés pour des actes de violence, soit une hausse de 2,7% sur un an.
En ne considérant que les infractions graves de violence, la hausse atteint même 14,5%, souligne la Statistique policière de la criminalité. L'ensemble des violences commises par des mineurs augmente donc pour la sixième année consécutive.
Toujours moins de cambriolages
Le nombre de cambriolages est lui en baisse constante depuis 2012. L'an dernier, 31'186 cas ont été recensés, soit 5% de moins qu'en 2020. Les lieux les plus exposés restent les appartements et les maisons avec 17'074 effractions.
La plupart des vols, comme les vols non spécifiés (-1912) et les vols à la tire (-1723) ont diminué. En revanche, ceux commis sur ou dans un véhicule ont augmenté de 995 infractions.
Par ailleurs, 8919 vélos électriques ont été dérobés, un chiffre qui a bondi de 47% entre 2020 et 2021. Les vols de bicyclettes classiques ont baissé de 11%, mais restent majoritaires.