Pour l'instant, l'aide de la Suisse n'est pas la bienvenue. Il semble loin le temps des poignées de mains entre Vladimir Poutine et Joe Biden sous le soleil genevois. C'était l'an dernier.
Désormais la Suisse ne joue pas les médiateurs, ni même les hôteliers. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, l'a dit: pour l'heure, il n'examine que les offres de médiation de pays qui n'ont pas pris de sanctions.
Crédibilité sabordée?
La Suisse a-t-elle sabordé sa crédibilité? L'UDC le dénonce. Quelques diplomates s'inquiètent aussi sous couvert d'anonymat, d'autres relativisent. Pour l'ex-ambassadeur et ancien parlementaire socialiste Tim Guldimann, les bons offices ne nécessitent pas une neutralité totale.
"C'est intéressant que la Turquie en tant que membre de l'OTAN joue ce rôle. C'est-à-dire que ça ne dépend pas nécessairement de la neutralité si on peut contribuer à résoudre des problèmes internationaux".
Autrement dit, la Turquie est simplement mieux placée économiquement et géographiquement. Ce n'est pas uniquement à cause des sanctions que la Suisse n'est pas dans le coup cette fois. Et Tim Guldimann d'ajouter: les bons offices ne doivent pas être une obsession.
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Défendre nos intérêts
"On pense toujours que c'est le rôle central de la Suisse au niveau international. Le rôle central de la Suisse, c'est de défendre nos intérêts. Si par hasard il y a des possibilités pour les bons offices, tant mieux. Mais la géographie européenne est redéfinie totalement depuis cette agression, et maintenant la question est de savoir comment on se remet sur la nouvelle carte de l'Europe avec nos intérêts nationaux."
Aujourd'hui, les bons offices ne sont pas totalement morts: la Suisse représente toujours discrètement les intérêts russes en Géorgie et vice versa. Et la Confédération rappelle qu'elle est toujours à disposition pour de nouvelles médiations.
Etienne Kocher/jpr