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Les trois objets soumis au vote le 15 mai bénéficient d'un large soutien, selon le premier sondage SSR

Sondage sur les votations fédérales: l'analyse de Rouven Gueissaz, chef de la rubrique politique
Sondage sur les votations fédérales: l'analyse de Rouven Gueissaz, chef de la rubrique politique / 19h30 / 1 min. / le 1 avril 2022
Les trois objets soumis au vote le 15 mai seraient acceptés par le peuple, selon le premier sondage SSR publié vendredi. La loi sur la transplantation et le financement de Frontex convainquent plus de six sondés sur dix, tandis que la loi sur le cinéma recueille 59% d'avis favorables.

Alors que la campagne en vue des votations du 15 mai ne fait que commencer, la modification de la loi sur la transplantation bénéficie d'un large soutien populaire, montre la première enquête d'opinion de gfs.bern mandatée par la SSR. Soixante-trois pour cent des personnes interrogées se déclarent favorables à l'introduction du consentement présumé en matière de don d'organes, contre 34% qui s'y opposent. Les intentions de vote semblent déjà fermement établies. D'ailleurs, seuls 3% des votants se disent indécis.

Le renforcement de Frontex est lui aussi soutenu par 63% de la population. L'augmentation de la contribution suisse à l'agence européenne de contrôle des frontières est rejetée par 29% sondés. La révision de la loi sur le cinéma, aussi appelée "Lex Netflix", semble quant à elle plus disputée. Plus d'un mois et demi avant le vote, 59% des Suissesses et des Suisses diraient oui et 32% glisseraient un non dans l'enveloppe, selon le sondage. Près d'un votant sur dix indiquent n'avoir pas encore arrêté leur choix.

Les Romands convaincus par le consentement présumé

Adoptée par une large majorité du Parlement l'an dernier, la révision de la loi sur la transplantation introduit dans le droit suisse le principe du consentement présumé. Toute personne qui ne s'y oppose pas activement de son vivant serait ainsi automatiquement considérée comme donneuse d'organes. Pour les partisans du projet, il s'agit d'augmenter le nombre de donneurs et donc de sauver des vies. Les opposants au texte avancent pour leur part principalement des arguments d'ordre éthique.

Dans les trois régions linguistiques, la majorité de la population serait favorable à ce changement de paradigme, selon le sondage. Mais cette unanimité en faveur du consentement présumé masque cependant de fortes disparités régionales. Comme souvent avec les sujets qui relèvent de la sphère la plus intime, les Suisses alémaniques sont nettement plus conservateurs (58% de oui, 40% de non) que les Romands (79% de oui, 17% de non). Les Tessinois adoptent une position médiane.

Les électeurs UDC contre les autres

L'électorat de tous les partis, à l'exception de celui de l'UDC, approuve la modification de la loi sur la transplantation. A gauche et chez les Vert'libéraux, l'adhésion au projet dépasse les 75%. Plus de deux tiers des sympathisants du Centre et du PLR soutiennent aussi le passage au consentement présumé. Seuls les proches de l'UDC sont majoritairement opposés au texte (55% de non, 42% de oui). Comme la majorité de la population, les électeurs indépendants penchent du côté du oui (à 55%).

Fait notable, l'approbation du consentement présumé décroît avec l'âge. Trois quarts des 18-39 ans soutiennent le projet et 22% seulement le rejettent. Chez les sondés de 40 à 64 ans, la différence est plus faible (27 points d'avance pour le oui) et l'écart se resserre encore chez les seniors (14 points d'avance pour le oui). A l'inverse, plus le niveau d'éducation s'élève, plus la part du oui augmente. Les sondés ayant un niveau d'éducation bas sont d'ailleurs majoritairement opposés au texte (53% de non, 47% de oui).

Les Suisses déplorent le manque de donneurs

Le stade de formation de l'opinion est jugé "moyen à avancé" par gfs.bern. Pour l'institut de sondage, la marge pour des changements d'ici au 15 mai existe, mais elle reste "limitée". Cela se traduit dans l'analyse de l'argumentaire des partisans et des opposants. Les arguments en faveur du oui convainquent plus largement que ceux pour le non. A titre d'exemple, 84% des sondés sont d'accord pour dire qu'il n'y a pas assez de dons d'organes en Suisse et qu'il est important que ce problème soit réglé.

Un oui à Frontex, même à gauche et à l'UDC

Le renforcement de Frontex est soutenu par une majorité des électeurs de tous les partis, parfois de justesse. Les partis de gauche soutiennent le référendum lancé par des ONG. Et pourtant, plus de la moitié des sympathisants du PS (57%) et des Verts (52%) sont d'accord de donner davantage de ressources à cette agence européenne. L'électorat de l'UDC y est aussi favorable, du bout des lèvres (50% de oui, 45% de non). Du côté du PLR, du Centre et des Vert'libéraux, le oui est en revanche massif, à plus de 75%.

La Suisse romande et les jeunes sont plus critiques

Le projet implique, entre autres, une augmentation progressive de la contribution financière de la Suisse au corps européen de contrôle des frontières. L'enveloppe passerait de 24 millions de francs en 2021 à 61 millions de francs en 2027. Cette idée recueille une majorité dans les trois régions linguistiques, en particulier en Suisse alémanique et au Tessin. L'opposition est en effet un peu plus vive en Suisse romande (33% de non) que dans les deux autres régions (28% de non).

Les jeunes sont les plus réceptifs aux arguments des référendaires, qui dénoncent notamment une institution "complice de violations des droits humains". Chez les 18-39 ans, partisans et opposants sont au coude-à-coude (44% de oui contre 42% de non). Les personnes plus âgées semblent, elles, davantage convaincues par le Conseil fédéral, qui craint que la Suisse ne soit exclue de l'espace Schengen en cas de non. Soixante-cinq pour cent des sondés de 40 à 64 ans et trois quarts des plus de 65 ans ont ainsi l'intention de voter oui.

Large soutien pour la Lex Netflix

Plus d'un mois et demi avant la votation, la révision de la loi sur le cinéma bénéfice d'un large soutien de la population, et ce dans les trois régions linguistiques. Avec 56% de oui contre 40% de non, l'avance des partisans de la Lex Netflix est néanmoins plus fragile en Suisse alémanique que dans le reste du pays. En Suisse romande et au Tessin, pas moins de sept sondés sur dix se déclarent favorables au projet, qui impose aux plateformes de streaming d'investir 4% de leur chiffre d'affaires dans la production cinématographique suisse.

Sans surprise, c'est la droite de l'échiquier politique qui est la moins convaincue par la Lex Netflix. Près de 60% des électeurs de l'UDC s'opposent au projet et 33% l'approuvent. Etonnamment, chez les sympathisants du PLR, le oui devance le non (49% contre 43%), alors que les instances du parti se sont largement opposées au texte. Le référendum émane d'ailleurs des Jeunes libéraux-radicaux. Au centre et surtout à gauche, le oui est en revanche nettement majoritaire.

Les jeunes et les hommes moins convaincus

Au niveau démographique, les jeunes (54% de oui, 37% de non) et les hommes (55% de oui, 38% de non) sont les plus rétifs à faire passer à la caisse les plateformes de streaming. Le référendum a d'ailleurs été lancé par la section jeunes du PLR, de l'UDC et des Vert'libéraux. Les seniors (61% de oui, 28% de non) et les femmes (64% de oui, 25% de non), à l'inverse, se montrent nettement plus favorables au projet adopté par la majorité du Parlement.

Reste que, des trois objets soumis au peuple, la révision de la loi sur le cinéma est celui qui pourrait le plus facilement basculer dans le camp du non. En effet, seule une minorité des personnes interrogées (44%) manifestent une intention ferme dans leur choix et près d'un sondé sur dix se dit encore indécis. Au point que gfs.bern n'exclut pas un non dans les urnes le 15 mai.

Didier Kottelat

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Méthode

Première vague de l'enquête de tendance SRG-SSR sur les référendums du 15 mai 2022 par l'institut de recherche gfs.bern. Réalisé entre le 14 et 28 mars 2022 auprès de 6728 titulaires du droit de vote (par téléphone et en ligne). La plage d'erreur statistique est de +/- 2,8 points de pourcentage.