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Contre quels dangers les abris de protection civile sont-ils efficaces?

Entrée d'un abri anti-atomique dans une villa individuelle. [Keystone - Martin Ruetschi]
Entrée d'un abri anti-atomique dans une villa individuelle. - [Keystone - Martin Ruetschi]
En Suisse, chaque personne a en principe sa place réservée dans un abri antiatomique privé ou public. Utilisés le plus souvent comme caves en temps de paix, ces 365'000 ouvrages ont pour but premier de protéger la population en cas de conflit armé.

C’est un héritage de la Guerre froide qui a repris tout son sens depuis que le président russe Vladimir Poutine a brandi la menace nucléaire. En Suisse, les abris antiatomiques ont été construits à partir de 1963. En pleine Guerre froide, la Confédération a imposé d’inclure ces mini-bunkers dans chaque nouvelle habitation.

Cette obligation a presque été abrogée en 2011, mais la catastrophe nucléaire de Fukushima a fait changer d’avis à la dernière minute les parlementaires. Aujourd’hui, seules les régions qui disposent d’un nombre suffisant d’abris par rapport à leur population sont dispensées de cette obligation.

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Les normes sont strictes en ce qui concerne la construction de ces ouvrages, contrôlés généralement tous les dix ans. Leurs murs, les portes et les volets en béton doivent avoir une épaisseur d’au moins 25 cm. La dalle du plafond doit être au minimum de 30 cm et résister au poids du bâtiment situé au-dessus en cas d’effondrement.

"Un masque à gaz collectif"

Pièce maîtresse: le système de ventilation, qui est obligatoire dans chacune de ces constructions. "Il faut comprendre qu’un abri sert de masque à gaz collectif pour l’ensemble des gens à l’intérieur", explique Olivier Duvoisin, responsable maintenance des ouvrages à la Protection civile vaudoise. "Il permet de filtrer les poussières radioactives et autres saletés présentes dans l’air".

Selon l’expert, les abris de protection civile permettent de diviser par 1000 le taux de radioactivité par rapport aux valeurs enregistrées à l’air libre dans le cas d’une explosion nucléaire. "Il est prévu d’y séjourner au maximum 15 jours", poursuit-il. "Après cette période, la radioactivité à l’extérieur devrait aussi être divisée par 1000. Ce qui permettrait d’évacuer les civils vers des zones moins touchées".

Cinq jours pour être opérationnels

En temps de paix, il est autorisé d’utiliser ces abris pour d’autres usages, le plus souvent comme caves, parkings ou locaux de dépôt. Selon la loi, ils doivent pouvoir retrouver leur fonction première en maximum cinq jours. "L’ordre serait donné par le Conseil fédéral, relayé par l’Office fédéral de la protection de la population", indique Louis-Henri Delarageaz, commandant de la Protection civile vaudoise. "On devrait alors monter les lits et s’assurer que les abris soient opérationnels".

Pas de telles directives pour l’instant, même si la menace nucléaire a augmenté. "La guerre en Ukraine ne change pas notre niveau d’alerte au sein de la Protection civile vaudoise", rassure le commandant. "Mais c’est vrai que cette situation nous rappelle cruellement que le risque de conflit armé existe et que les abris de protection civile peuvent être utiles".

Alexandre Willemin

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