Pour une défense adéquate, quatre avions de combat devraient constamment être simultanément en vol, a expliqué Thomas Süssli dans une interview publiée samedi dans la "Schweiz am Wochenende". Avec ses 36 jets F-35, les capacités excéderaient ainsi pas plus d'un mois (Nldr. pour l'instant, la Suisse ne dispose pas encore des avions F-35) En 2003, la capacité de défense de l'armée a été revue, dans une optique de qualité au lieu de quantité, a-t-il rappelé.
Le chef de l'armée a toutefois rassuré: pour l'instant, la Suisse n'est pas menacée militairement. Il n'y a pas de signes en ce sens, même si le risque est plus élevé qu'auparavant. Il a fait la même observation quant à une escalade nucléaire.
Thomas Süssli s'est aussi exprimé sur le fait d'adhérer à l'OTAN. Un tel scénario n'est pas à l'ordre du jour, même si la situation est tendue, selon lui.
"Cependant, si la Suisse se retrouve entraînée dans une guerre, ses obligations liées au droit de la neutralité tombent, et elle pourrait par exemple collaborer avec ses pays voisins." C'est pourquoi il est important que les systèmes militaires helvétiques soient compatibles avec ceux de ces pays et qu'il y ait des exercices communs.
"Guerre de l'information"
Thomas Süssli a également raconté comment le service de renseignement de la Confédération et celui militaire ont observé le déploiement des troupes russes. Dès le 12 février, ils estimaient qu'une attaque était imminente.
Ils pensaient à ce moment-là qu'il était "très probable" que quelque chose se passe dans le Donbass. En revanche, ils jugeaient "plutôt improbable" que les troupes russes avancent vers Kiev. Le service de renseignement militaire était arrivé à la conclusion que les troupes russes en Biélorussie manquaient de moyens pour ce faire.
Thomas Süssli a dit suivre la situation "de très près" depuis lors. Il reçoit des bulletins d'informations quotidiennement ainsi que les messages-clés, provenant souvent des services de renseignement, dans un système de messagerie sécurisé.
Il s'informe en outre sur Twitter et Telegram, et a établi des "sources fiables". "Il faut rester prudent. C'est aussi une guerre de l'information, on ne peut croire que peu de choses."
Rapidité d'évolution d'une situation
Thomas Süssli a relevé à quelle vitesse une situation peut évoluer. "Lorsque j'ai pris mes fonctions le 1er janvier 2020, je me suis demandé ce qui pourrait se passer. Je pensais alors que le scénario le plus probable était un black-out électrique. Nous avons ensuite eu une pandémie, et maintenant une guerre en Europe."
A ce sujet, il a encore abordé l'accueil des réfugiés ukrainiens. L'armée met actuellement à disposition des casernes et des salles polyvalentes (...), a-t-il rappelé. "Parallèlement, nous pouvons si besoin apporter par exemple un soutien administratif et un service sanitaire subsidiaire dans les centres d'asile." Des lits de camp peuvent également être mis à disposition.
Participer à des projets européens
Enfin, Thomas Süssli s'est aussi exprimé sur la collaboration avec l'Union européenne. Forces aériennes, armée de terre, innovation: l'armée helvétique est en train d'examiner comment participer à des projets européens de collaboration dans le domaine de la défense, bien que la Suisse n'ait pas un accès complet à ces programmes, n'étant pas membre de l'UE.
Le fait de savoir si Berne pourrait participer à une surveillance aérienne européenne est également un enjeu politique. La question de la neutralité se pose, dans le cas où un pays avec lequel la Suisse serait liée par un accord serait impliqué dans un conflit, a précisé Thomas Süssli.
ats/the