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Deux ans après son introduction, le Nutri-Score continue à faire débat

Une femme scanne un produit avec son smartphone dans un supermarché. [Depositphotos - urban_light]
Le Nutri-Score sous la loupe / On en parle / 16 min. / le 6 avril 2022
Présent sur les emballages alimentaires des supermarchés suisses depuis 2019 suite à son adoption par Nestlé, le logo Nutri-Score est pourtant toujours aussi controversé. Quels sont ses avantages et inconvénients?

Le but du Nutri-Score est clair, aider les consommateurs à mieux choisir en classant les aliments et les boissons selon leur profil nutritionnel. Le système de classement, ou de notes, est réparti en cinq couleurs et cinq lettres: du A vert foncé pour les meilleurs élèves au E rouge pour les mauvais élèves, c’est-à-dire les aliments pauvres en nutrition. L’idée est aussi d’encourager les producteurs et fabricants à changer leurs recettes dans le bon sens.

Des écarts de notation remarqués

Le classement du Nutri-Score semble a priori clair, mais réserve quelques surprises. Marc-André, un auditeur de l’émission On en parle, en a fait l’expérience en achetant du chocolat en poudre Cailler de Nestlé avec un nutri-score B, donc plutôt intéressant. Or, en scannant le code-barre du produit sur deux applications différentes, notamment l’application Nutriscan du magazine Bon à savoir, il découvre que ce même chocolat en poudre Nestlé obtient la note E, jugée mauvaise. Comment une telle différence est-elle possible?

Les explications de Nestlé

Pour les représentants de Nestlé, la note B indiquée sur l’emballage du chocolat en poudre est correcte et conforme au règlement du Nutri-Score. L’explication est la suivante: cette note est en réalité calculée sur le produit tel qu’il va être consommé, en l’occurrence avec du lait, ce qui ajoute à sa valeur nutritive. Quant aux autres applications de scan d’aliments, elles se basent uniquement sur la valeur nutritionnelle du chocolat en poudre, raison pour laquelle ce produit est alors noté avec la lettre E.

Pour Roger Darioli, président de la Fondation Suisse de Nutrition et Santé, cela n’est pas non plus un problème: "Il ne faut pas comparer ce qui n’est pas comparable. Le Nutri-Score prend en compte la manière dont sera consommé l’aliment." Il tient cependant à préciser : "La couleur rouge ne signifie pas 'poison'. Le Nutri-Score ne met pas en évidence les aliments 'sains' et 'pas sains'. Ce n’est pas le produit qui est le poison, c'est la dose."

Le cas du chocolat en poudre n'est pas isolé. Selon l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaire vétérinaires, il existe d’autres exemples où le Nutri-Score est calculé non pas sur la base du produit vendu, mais sur celle du produit préparé. On peut citer certaines soupes, thés glacés en poudre ou mélanges pour cake.

Une note de synthèse

Roger Darioli rappelle les points pris en compte pour le calcul du Nutri-Score, effectué par une agence indépendante: d'un côté les aspects positifs comme la teneur en fruits, en légumes et en légumineuses, les fibres alimentaires, certaines huiles, les fruits à coque et les protéines. De l’autre les aspects négatifs comme la teneur en sucre et en sel, les acides gras saturés et l’énergie. "La note du Nutri-Score est une synthèse de l’ensemble", précise-t-il à la RTS.

Les sodas 'light' mieux notés qu’un jus d’orange?

Si Migros a annoncé vouloir adopter le Nutri-Score pour les produits de sa marque d'ici 2025, ce n'est pas le cas de Coop, qui a avancé cet argument: des sodas avec édulcorants dits 'light' ou 'zéro' sont mieux notés qu’un jus d’orange frais. Une 'fake news' selon Roger Darioli: "Il y a longtemps que les professionnels de la santé dénoncent les produits light, qui ne sont pas une solution à la surcharge pondérale."

Une autre critique, notamment de la part de l'Union suisse des paysans, est celle de la mise en avant des produits industriels au détriment de ceux du terroir, comme le fromage. "Cela veut dire que les milieux qui vendent des produits catégorisés D ou E ont la hantise de voir les consommateurs acheter leurs produits avec moins d’entrain. Mais si vous regardez les recommandations alimentaires de la Société Suisse de Nutrition et de l'OSAV, les produits laitiers figurent en bonne place, y compris le fromage."

Autre fait intriguant à propos du Nutri-Score: les additifs ne sont pas pris en compte dans la note. Roger Darioli se défend: "Il existe plus de 200 additifs, dont certains sont indispensables. Par exemple, un agent conservateur comme l'orange ou le citron dans la salade de fruits. Il serait trop complexe d'intégrer les additifs dans l'analyse du Nutri-Score."

Sujet radio et propos recueillis par Marie Tschumi

Adaptation web: Myriam Semaani

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