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Ignazio Cassis: "Ce ne sont pas des crimes de guerre tant qu'un tribunal ne l'a pas décrété"

Le président de la Confédération Ignazio Cassis revient sur le défi posé à la Suisse par l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Le président de la Confédération Ignazio Cassis revient sur le défi posé à la Suisse par l'invasion de l'Ukraine par la Russie. / 19h30 / 4 min. / le 7 avril 2022
Le président de la Confédération Ignazio Cassis appelle à faire attention à l'expression "crimes de guerre" avant d'avoir pu établir les faits en Ukraine. Invité jeudi dans le journal de 19h30 de la RTS, il indique également que la Suisse n'expulsera pas de diplomates russes.

La Russie est accusée de crimes de guerre et d'exactions contre les civils dans les zones ukrainiennes qu'elle a occupées, dont Boutcha, une ville proche de Kiev. La Russie a rejeté fermement son implication, en dénonçant une "mise en scène" ukrainienne visant selon Moscou à dénigrer l'image des soldats russes.

Le président de la Confédération Ignazio Cassis appelle à rester prudent, mettant en garde contre une justice des réseaux sociaux. Il répète que la Suisse souhaite une investigation internationale indépendante pour "vérifier s'il y a des crimes de guerre". Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU vient de lancer une Commission d'enquête internationale qui sera chargée de ce mandat.

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"Il s'agit d'indices de crimes de guerre", précise-t-il jeudi dans le 19h30. "Ce ne sont pas des crimes de guerre tant qu'un tribunal ne l'a pas décrété." Un appel qu'il a également lancé jeudi devant les étudiants de l'Université de Genève, au terme d'une rencontre avec son homologue croate Zoran Milanovic.

Le chef de la diplomatie suisse estime que la guerre en Ukraine "bouleversera et impactera de manière profonde" le continent européen pour plusieurs années: "La déstabilisation de l'Europe continentale est un objectif de la Russie de Vladimir Poutine qu'elle souhaite atteindre avec la guerre", argue-t-il.

Pas d'expulsion de diplomates russes

A l'inverse d'autres pays européens, la Suisse n'expulsera toutefois pas de diplomates russes pour sanctionner Moscou. "Le Conseil fédéral a décidé que l'expulsion de diplomates est une mesure qui doit être faite dans un but de politique de sécurité, pas comme une sanction à quelque chose", explique Ignazio Cassis.

"On doit rester sur cette ligne et ne pas changer les règles du jeu", car cela créerait "beaucoup de confusion", ajoute-t-il. Au total, près de 200 diplomates russes ont été expulsés d'Europe en 48 heures après que l'information a circulé sur les atrocités commises à Boutcha.

"Aucune preuve" que la Suisse n'applique pas les sanctions

Ignazio Cassis balaie également les accusations du Parti socialiste qui juge que les sanctions contre la Russie ne sont pas appliquées de manière cohérente en Suisse, et qui a déposé une plainte contre le Département de l'économie de Guy Parmelin auprès du Conseil fédéral. Il n'y a "aucune preuve", rétorque le président de la Confédération. La Suisse est "plus rapide" dans la mise en oeuvre et "plus attentive" dans l'application des sanctions, souligne-t-il.

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Le principe d'adopter les mêmes sanctions que les Etats membres de l'Union européenne a été adopté "très rapidement" par le Conseil fédéral, fait-il valoir. D'ailleurs, si l'Union européenne décide dans les prochaines heures d'interdire toute importation de gaz russe, Ignazio Cassis indique que la "question se posera de manière claire pour la Suisse".

>> Voir aussi l'analyse sur l'impact d'une éventuelle fin des importations de gaz russe sur l'économie suisse dans le 19h30 :

Delphine Gianora analyse l'impact de la fin des importations de gaz russe sur l'économie suisse.
Delphine Gianora analyse l'impact de la fin des importations de gaz russe sur l'économie suisse. / 19h30 / 1 min. / le 7 avril 2022

Propos recueillis par Philippe Revaz/vajo

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