Pour apprendre l'allemand, le français ou l'italien, la Confédération propose une contribution financière de 3000 francs par réfugié. Berne n'a pas encore communiqué sa décision finale, mais les cantons ont déjà donné leur avis. Il est a priori globalement favorable, avec tout de même de gros doutes.
Dans sa réponse, le canton de Fribourg considère ainsi que ce montant est acceptable comme point de départ, mais insuffisant si ces personnes devaient séjourner durablement en Suisse.
Crédit urgent demandé à Neuchâtel
Le canton de Neuchâtel, lui, considère qu'il ne permettra pas de financer une offre d'encouragement linguistique de qualité. Le gouvernement neuchâtelois vient d'ailleurs de demander un crédit urgent à la commission compétente du Grand Conseil, à hauteur de près d'un million de francs. C'est ce qu'a indiqué la conseillère d'Etat en charge de la Cohésion sociale, Florence Nater, à la RTS.
Interrogé vendredi dans la Matinale de la RTS, le conseiller d'Etat valaisan Christophe Darbellay juge "important" ce montant de 3000 francs et se montre plutôt satisfait. "Il n'y a pas seulement les frais liés au premier accueil (…), il y a toutes sortes de frais supplémentaires importants aussi pour pouvoir intégrer rapidement ces personnes, notamment dans le marché du travail. Si vous n'avez pas de compétences de base en français, en allemand ou en italien, c'est difficile de s'intégrer", souligne-t-il.
"Presque grotesque" de parler d'argent
"Je pense que ce chiffre est un chiffre de base, je ne sais pas comment la Confédération l'a calculé", précise le ministre valaisan en charge de l'Education et de l'Economie. Pour lui, cependant, parler d'abord d'argent lorsqu'on a affaire à une catastrophe humanitaire de pareille ampleur est "presque grotesque".
"Il faut que ces personnes soient d'abord logées, qu'on s'intéresse à leur état de santé, à la scolarisation des jeunes, parce qu'on a 40% d'enfants parmi ces réfugiés. C'est là la priorité", insiste Christophe Darbellay.
Face au flux de réfugiés, les cantons sont donc en train de s'organiser pour mettre en place suffisamment de cours de langue, mais le défi s'annonce de taille.
oang avec Romain Bardet
L'Université de Neuchâtel prend les devants
Alors que Berne et les cantons discutent d'un financement pour les cours de langue à l'attention des réfugiés ukrainiens, l'Institut de langue et civilisation françaises de l'Université de Neuchâtel a pris les devants. Il a mis sur pied ses propres cours, qui ont débuté cette semaine.
Ajustements nécessaires au niveau fédéral
Face à l'afflux de personnes fuyant l'Ukraine, les autorités fédérales mettent les bouchées doubles, mais elles reconnaissent que des ajustements doivent encore être apportés, notamment dans l'enregistrement des réfugiés.
"Un millier de personnes frappent quotidiennement à notre porte", a indiqué jeudi David Keller, directeur de l'état-major de crise pour l'asile au Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), devant les médias.
Et la situation ne devrait que peu évoluer à l'avenir. Entre 15'000 et 30'000 réfugiés sont attendus chaque mois.
La clé de répartition convenue entre les cantons n'a pas pu être respectée en l'état, et certains se retrouvent avec un nombre disproportionné de réfugiés. Mais cette situation devrait changer.
"La charge doit être répartie solidairement", a estimé David Keller. Un groupe de travail planche sur la question. "Sur le long terme, tous les souhaits ne pourront plus être remplis".
Le processus d'enregistrement et l'acquisition du statut de protection S en seront facilités, a précisé la secrétaire générale de la Conférence des directeurs cantons des affaires sociales. Les enfants pourront plus rapidement être scolarisés, l'aide sociale versée ou encore une visite chez le médecin organisée.