Plusieurs caisses de compensations cantonales indiquent en effet que de nombreux pères ne font pas encore valoir leurs droits. La caisse genevoise de compensation a par exemple reçu 740 demandes de congé paternité contre 2500 demandes d'allocations maternité en 2021. Dans le Jura, le rapport est du simple au double. A Fribourg, la caisse cantonale a enregistré plus de 1000 requêtes de congé maternité pour moins de 450 du côté des papas.
"Cette prestation n'est pas encore connue par tout le monde et il y a parfois des réticences à demander de nouvelles prestations. C'était donc à prévoir. Mais c'est quand même un chiffre assez bas", estime vendredi dans La Matinale le directeur de l'Etablissement cantonal des assurances sociales Hans Jürg Herren.
Certains patrons sceptiques
Les caisses précisent toutefois qu'il est difficile de prendre une photographie sur une seule année: les papas ont en effet six mois pour utiliser leurs 10 jours de congé, donc tous les pères dont les enfants sont nés cet automne, par exemple, ne figurent pas forcément dans les statistiques.
Reste qu'un tel écart surprend. Outre la nouveauté de cette prestation, la mauvaise volonté de certains employeurs est invoquée.
"On a reçu environ 80 appels d'hommes se plaignant d'une pression exercée par l'employeur, qui n'était pas du tout favorable à ce qu'ils puissent prendre leur congé paternité auquel ils avaient droit", relate Valérie Borioli Sandoz, responsable égalité chez Travail suisse.
Dans son rapport annuel, l'établissement zurichois des assurances sociales a fait un constat similaire. Il a reçu de nombreux appels de jeunes papas qui ont notamment témoigné du scepticisme de leur patron face à ces 10 jours de congé.
Céline Fontannaz/vkiss