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Netflix, Disney, Amazon et Apple font payer la Suisse très cher

Le prix d'un abonnement mensuel de streaming est très cher en Suisse. [Depositphotos - Mobilinchen]
Netflix, Disney, Amazon et Apple font payer la Suisse très cher / On en parle / 13 min. / le 8 avril 2022
On en parle a mené l’enquête, et les résultats sont clairs: les Suissesses et les Suisses paient leurs films et leurs séries beaucoup plus cher que leurs voisins sur les plateformes de streaming. La faute au géoblocage et au pouvoir d'achat local. Mais cela suffit-il à justifier de telles différences?

Dans le cadre de la votation "Lex Netflix" le 15 mai prochain, qui prévoit de reverser au cinéma suisse 4% des bénéfices réalisés par les grandes plateformes, On en parle a mené l’enquête en comparant les prix des abonnements de streaming en Suisse et à l'étranger.

Pays comparables

L’enquête se concentre sur les grandes plateformes commerciales présentes en Suisse et à l'étranger: Netflix, Amazon Prime, Disney+, Apple TV, Sky et Canal+. Son but est de comparer et de déterminer, à chaque fois que c’est possible, si les Suissesses et les Suisses paient leurs films trop cher par rapport aux autres pays.

Ces plateformes n’offrent pas exactement le même catalogue partout dans le monde, ce qui complique l’enquête. Par exemple, le catalogue américain de Netflix a toujours été plus gros que le catalogue suisse. En revanche, en termes de qualité, le catalogue suisse compte un pourcentage bien plus élevé de films récompensés aux Oscars que le catalogue américain. À noter que les offres entre pays restent tout de même assez proches pour être comparées.

>>À consulter: Prix d'un abonnement mensuel à une plateforme de streaming selon le pays

Le tableau "Prix d'un abonnement mensuel à une plateforme de streaming" d'OEP. [On en parle]
Le tableau "Prix d'un abonnement mensuel à une plateforme de streaming" d'OEP. [On en parle]

Des prix fixés en fonction du pouvoir d’achat

Premier constat: les différences de prix sont similaires entre toutes les plateformes. Le cas de Netflix est spectaculaire, notamment pour la formule Premium, qui coûte 24,90 francs par mois en Suisse, 18,39 aux Etats-Unis, et 18,35 en France, en Allemagne et en Italie. Au total, la Suisse paie donc 78,60 par année de plus que ses voisins. La Turquie est championne, avec un prix très bas: 3,46 francs.

Amazon Prime coûte 9,99 francs par mois en Suisse, 8,15 en Allemagne, 6,11 en France, 4,07 en Italie et 50 centimes en Turquie. Pour Disney, 12,90 en Suisse, soit 3 francs de plus que chez nos voisins européens. En revanche, les écarts sont moins grands chez Apple, où la Norvège, pays riche, paie 50 centimes de plus que la Suisse. Les plateformes fixent donc leurs prix en fonction du pouvoir d’achat dans les territoires.

Des résultats qui n’étonnent pas Jean Busché, spécialiste économie et nouvelles technologies à la Fédération romande des consommateurs: "C’est malheureusement un fait bien connu, les entreprises exploitent le pouvoir d’achat des consommatrices et consommateurs. Cela s’appelle le géoblocage. En fonction de l’adresse IP des utilisatrices et utilisateurs, une offre différenciée leur est proposée. Le géoblocage est interdit en Suisse depuis janvier 2022. Cependant, les productions audiovisuelles font exception à cette loi. Pourtant, les coûts des services de streaming sont égaux d’un pays à l’autre. Cette variation de prix est difficile à justifier", estime-t-il.

La langue de bois des plateformes

Contactées par On en parle et la RTS, les plateformes ne donnent aucune explication sur les prix très élevés du marché suisse. Amazon et Netflix répondent par courriel en insistant paisiblement sur la qualité de leur catalogue. Quant à Apple, l’entreprise se contente d’envoyer des liens vers son site internet.

Cependant, les plateformes sont unanimes sur un autre point: elles ne souhaitent pas que les Suissesses et les Suisses économisent en contournant le géoblocage, en s’abonnant à Apple France par exemple. Si tel est le cas et qu’elles s’en aperçoivent, elles réduisent leur offre ou bloquent temporairement l’accès à leurs contenus.

Des limites difficiles à contourner

Reste une solution pour élargir son catalogue de séries et économiser: utiliser un VPN. Là encore, les plateformes de streaming luttent activement contre cette pratique. "Si votre adresse IP est reconnue comme venant d’un VPN connu, la plateforme peut modifier ou bloquer temporairement l’accès au contenu", précise Jean Busché. Si les entreprises sont dans leur bon droit, les utilisatrices et utilisateurs ne risquent en principe rien de plus.

Sujet radio: Mathieu Truffer et Delphine Sage

Adaptation web: Myriam Semaani

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