"Il est (...) regrettable que le Conseil fédéral ait cédé à la pression internationale et que la Suisse ne puisse dès lors plus faire valoir sa neutralité pour se proposer comme médiateur", a souligné Marco Chiesa samedi devant les 324 délégués de son parti réunis à Coire. L'UDC n'est pas complaisante face à Vladimir Poutine pour autant, a-t-il assuré, dénonçant au passage "une insinuation malveillante des médias".
Le Tessinois a aussi dénoncé la candidature de la Suisse au Conseil de sécurité car, selon lui, le parti pris y est "un devoir". Si la Confédération siège dans cet organe, ce sera donc "une catastrophe pour notre pays", a-t-il déclaré.
L'UDC estime que la neutralité de la Suisse n'est pas négociable et plaide pour une neutralité armée. Interrogé dans Forum samedi sur la possibilité d'un rapprochement avec l'Otan face à l'invasion russe en Ukraine, le conseiller fédéral Guy Parmelin s'est montré ferme. "Adhérer à une alliance militaire serait totalement contraire à la neutralité", a-t-il déclaré, en précisant que la Suisse collabore "déjà depuis longtemps" avec des pays membres de l'Otan et que le Conseil fédéral adapte régulièrement ses politiques de sécurité.
Renforcer l'armée
En pleine guerre en Ukraine, le conseiller aux Etats s'en est aussi pris à l'état de l'armée suisse qui, d'après lui, "n'est plus en mesure de garantir la sécurité de la Suisse et de ses habitants". La faute au Parlement et au gouvernement qui ont réduit son budget. Et d'exiger que ce dernier soit augmenté d'au moins 2 milliards de francs afin d'atteindre 1% du PIB et que les effectifs militaires soient rehaussés.
Sur l'achat des avions de combat F-35A, Marco Chiesa a attaqué les socialistes: "J'attends d'un parti gouvernemental qu'il défende l'armée (...) donc du PS qu'il retire immédiatement son initiative contre les avions de combat."
Il en a fait de même sur l'approvisionnement énergétique. Favorable à la construction de centrales à gaz, proposée par sa conseillère fédérale Simonetta Sommarruga, le PS a rétropédalé en raison de la nécessité de stopper les importations de gaz en provenance de Russie. "Quelle politique de poules mouillées!", a lancé le président de l'UDC.
Non au don d'organes
Lors de leur assemblée, les délégués ont donné leurs mots d'ordre pour les votations fédérales du 15 mai. Ils ont rejeté, par 248 voix contre 72 et 12 abstentions, la modification de la loi sur les transplantations d'organes. Ils ont suivi l'avis de la conseillère nationale thurgovienne Verena Herzog. Selon elle, des personnes mal informées qui ne souhaitent pas donner leurs organes après leur mort se les verront prélever, faute de s'y être opposées officiellement de leur vivant.
Par 204 voix pour, 104 voix contre et quatre abstentions, l'assemblée a en revanche approuvé l'arrêté fédéral sur le financement destiné à renforcer l'agence européenne de gardes-frontière et de gardes-côtes Frontex.
L'assemblée des délégués a encore balayé à l'unanimité (271 voix contre et une abstention) la modification de la loi sur la production de films et la culture cinématographique. Ils ont dénoncé une "taxe sur le streaming" et le "quota de films suisses sur les plateformes de streaming", prévus par la loi, comme étant des mesures anti-libérales.
ats/kkub
La sécurité alimentaire assurée en Suisse, selon Guy Parmelin
La sécurité alimentaire de la Suisse est assurée, a dit le conseiller fédéral Guy Parmelin devant les délégués de l'UDC, réunis samedi en assemblée générale à Coire. Les liens de dépendance directs de la Suisse par rapport à l'Ukraine et la Russie sont relativement faibles.
L’approvisionnement en denrées alimentaires de la population en Suisse est assuré, tout comme la disponibilité des moyens de production, a dit le conseiller fédéral vaudois. Les engrais nécessaires aux cultures de cette année ont déjà été dans une large mesure livrés aux exploitations.
"Nous essayons d'anticiper et de voir comment nous pouvons assurer la sécurité de notre approvisionnement. Il en va des intérêts de la population de ce pays", a déclaré Guy Parmelin dans Forum.
La Confédération suit en continu la situation et prend les mesures nécessaires pour garantir la production agricole. Début mars, elle a abaissé les droits de douane sur les fourrages afin de faciliter les importations, a poursuivi Guy Parmelin. Si de graves pénuries devaient se profiler, la Confédération pourrait utiliser les réserves obligatoires de différentes denrées, comme le sucre, le riz, les huiles et graisses comestibles, le blé ou les fourrages.
Approvisionnement mondial précaire
Toujours est-il que la sécurité de l’approvisionnement mondial restera précaire. À ce jour, le taux d’auto-approvisionnement brut de la Suisse atteint 57%, et son taux d’auto-approvisionnement net avoisine les 50%.
Le conseiller fédéral promet d'accorder plus d’attention que par le passé à la question de l’auto-approvisionnement dans l’élaboration de la future politique agricole. Une adaptation de la production indigène serait possible à moyen terme, avance le conseiller fédéral à la tête du Département fédéral de l'économie (DEFR).
Pas sans conséquence
Il faut savoir qu’aujourd’hui 60% des surfaces arables suisses sont consacrées à la production de fourrages. Ces surfaces pourraient être réaffectées à la culture, par exemple, de pommes de terre, de céréales panifiables ou d’oléagineux pour augmenter le taux d’auto-approvisionnement.
Cela ne serait cependant pas sans conséquence, a souligné le conseiller fédéral. Les cheptels devraient être réduits pour tenir compte de la diminution des fourrages disponibles. "Mais cela n’aurait de sens que si les consommatrices et consommateurs mangeaient moins de produits d’origine animale, comme la viande ou les œufs", a encore relevé le ministre.