Au niveau national, une diminution de 19% a été réalisée, annonce lundi l'OFEV dans l'inventaire des gaz à effet de serre pour les années 1990 à 2020, qui sera remis cette semaine au Secrétariat des Nations unies sur les changements climatiques. Les baisses à atteindre sont inscrites dans la loi sur le CO2 actuellement en vigueur.
Cet échec intervient malgré les mesures liées à la pandémie de coronavirus, l'hiver doux et la possibilité de prendre en compte les résultats de puits de carbone (les processus qui absorbent le carbone) des forêts et des produits en bois suisses (environ 350'000 tonnes de CO2). Le secteur des forêts ne contribue ainsi que peu à la réduction des gaz en Suisse, selon l'OFEV.
La levée des restrictions liées à la pandémie entraîne par contre une forte hausse des émissions. La pression reste donc élevée, selon l'OFEV.
Chauffages et trafic
Le secteur du bâtiment a manqué de peu son objectif d'une diminution de 40% des gaz à effet de serre, en atteignant les 39%. Une part de la réduction est due à l'amélioration de l'efficience énergétique des bâtiments et au remplacement croissant des systèmes de chauffage au mazout et au gaz par des pompes à chaleur et des énergies renouvelables, précise l'OFEV.
Les combustibles fossiles continuent majoritairement d'être utilisés pour le chauffage, relève cependant le rapport. C'est ce que montre la forte influence des températures hivernales sur les émissions dans ce secteur.
Le secteur des transports a également raté d'un cheveu son objectif. La pandémie a certes fortement réduit le volume du trafic. Les émissions ont baissé de près de 9% par rapport à l'année précédente et se situaient 8% en dessous de 1990.
Et l'ajout de biocarburants aux carburants fossiles a augmenté ces dernières années, atteignant près de 4% des ventes totales de carburants en 2020. Les véhicules plus efficaces sur le plan énergétique ont également émis moins de CO2 par kilomètre. Insuffisant toutefois pour atteindre la barre visée de -10% d'émissions. L'augmentation du nombre de kilomètres parcourus sur 20 ans annule ces effets positifs.
L'agriculture a elle aussi manqué ses buts, avec une baisse de 14%. Au final, seul le secteur de l'industrie a atteint sa marque d'une baisse de 15%: ses émissions ont diminué de 17% depuis 1990.
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Mesures à renforcer
Cet inventaire est géré selon des exigences uniformes réglées sur le plan international par le Protocole de Kyoto. Il dresse un tableau complet des émissions de gaz à effet de serre de la Suisse. L'inventaire de 2020 clôt la deuxième période d'engagement du Protocole de Kyoto. Il couvre les années allant de 2013 à 2020. Les réductions manquantes peuvent être obtenues grâce à des projets de protection du climat réalisés à l'étranger, rappelle l'OFEV.
Dans le cadre de la révision de la loi sur le CO2, le Conseil fédéral entend diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre de la Suisse d'ici à 2030, afin d'atteindre l'objectif fixé dans l'Accord de Paris. Les mesures de protection du climat doivent donc être renforcées dans tous les secteurs, annonce l'OFEV.
Le nouveau projet de révision de la loi sur le CO2 reconduit les instruments ayant fait leurs preuves, selon l'office. Il concerne en particulier les secteurs centraux pour la protection du climat, à savoir le bâtiment et la mobilité.
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ats/fgn