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Le dossier électronique peine à convaincre les patients et les prestataires

Une personne montre sur un ordinateur, "Mon Dossier Santé", le dossier electronique du patient. [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Six mois après le lancement du dossier électronique du patient, les patients sont mécontents / On en parle / 29 min. / le 13 avril 2022
Six mois après le lancement du dossier électronique du patient (DEP) dans le canton de Vaud, il est toujours compliqué d’y trouver ses médecins, thérapeutes et pharmacies. Pire, il est impossible d’y importer directement son historique médical hospitalier.

Un auditeur de l'émission On en parle a testé le système et fait part de ses critiques à l’émission. Il déplore que le CHUV ne figure dans le DEP que de manière très lacunaire, notamment sans qu'un lien permette aux patients de télécharger leur dossier médical auprès de l'établissement.

"La loi qui régit le dossier électronique (LDep) ne prévoit pas l’accès aux archives médicales", justifie au micro de la RTS François Bastardot, médecin associé et responsable de l'introduction du DEP au CHUV. "Le CHUV le fait à bien plaire de façon manuelle pour l’instant. En revanche, pour les personnes qui font l’expérience d’un parcours de soin aujourd'hui au CHUV, qu'il s’agisse d’une consultation ou d’une hospitalisation, les documents sont publiés dès la signature électronique du médecin."

>> Voir aussi le reportage du 19h30 :

Le dossier électronique du patient peine encore à séduire en Suisse
Le dossier électronique du patient peine encore à séduire en Suisse / 19h30 / 2 min. / le 22 avril 2022

Médecins et prestataires de santé peu nombreux

Cet auditeur d'On en parle trouve par ailleurs dommage qu’aucun de ses médecins ou pharmacies ne figure comme prestataire de santé dans le DEP, alors que sa région compte plus de 150 prestataires, toutes spécialités confondues.

Pour Virginie Spicher, directrice générale de la santé du canton de Vaud, cela s’explique par le fait que la LDep n’oblige pas les médecins installés à participer à ce système. Seuls les médecins qui commencent à facturer à l’assurance obligatoire des soins sont obligés de s’inscrire. Virginie Spicher encourage surtout les citoyens intéressés à motiver leurs professionnels et professionnelles de santé à s’affilier au DEP.

Démarches plus simples à Neuchâtel

La situation semble toutefois plus simple dans le canton de Neuchâtel, qui fonctionne avec sa propre plateforme "Mon Dossier santé" et une démarche proactive. Le personnel qui effectue le contrôle d’identité pour l’ouverture du DEP propose en effet aux patients de contacter leurs prestataires de santé qui ne seraient pas encore affiliés au DEP, afin qu'ils le fassent.

Plus de 7000 patients inscrits en Suisse romande

Les prestataires de santé sont peu nombreux et les patients qui ont ouvert un DEP également. Le canton de Berne, qui a lancé le DEP en février avec le fournisseur Xsana, compte 21 patients affiliés. Neuchâtel, qui est en phase pilote, dénombre 95 inscrits.

Quant à la communauté de référence CARA, constituée en 2018 et qui regroupe cinq cantons romands, elle affiche 6938 patients inscrits: 92 pour le Jura, 204 pour le Valais, 218 pour Fribourg et 1342 pour Vaud.

"L'histoire de la poule et de l’oeuf"

Mais ce qui interpelle particulièrement, c’est Genève: le canton avait réussi à convaincre 50'000 personnes à franchir le pas avec son projet cantonal pilote "Mon Dossier Médical". Or, il ne compte désormais plus que 4863 patients dans le nouveau système romand.

Pour Patrice Hof, secrétaire général de CARA, c’est vraiment l’histoire de la poule et de l’œuf. "Les professionnels nous disent 'le DEP ne sert à rien, mes patients ne sont pas là'. Et les patients nous disent que cela ne leur sert à rien, car les professionnels ne participent pas. C'est vraiment une dynamique qui s’enclenche aujourd'hui."

Sujet radio et propos recueillis par Frédérique Volery
Adaptation web: ms

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