Le 15 mai, la Suisse se prononcera sur l’augmentation de sa contribution à Frontex, l’agence qui contrôle les frontières extérieures de l’espace Schengen. Cette contribution passerait de 24 millions de francs par an aujourd’hui à 61 millions de francs en 2027. Une alliance d’ONG soutenue par les partis de gauche (PS et Verts) est à l’origine du référendum.
>> Lire à ce sujet : La Suisse vote sur le renforcement de Frontex, l'agence européenne des garde-frontières
Selon la conseillère fédérale, "le peuple suisse, lorsqu’il a accepté par votation en 2005 le traité de Schengen, a aussi pris l’obligation d’accepter les développements législatifs obligatoires" de ces accords, et ce, "en toute connaissance de cause". Ainsi, en cas d'acceptation du référendum et du refus corrélatif de cette augmentation des contributions suisses à Frontex, la Suisse serait expulsée de l'espace Schengen par le biais d'un "automatisme" de ce même traité.
Une participation "primordiale" pour la Suisse
Or, cette participation est "primordiale" pour la Suisse, selon Karin Keller-Sutter. Le système Schengen et l'agence Frontex feraient partie intégrante du système de sécurité en Suisse, ils en seraient "la colonne vertébrale". Le contrôle des frontières extérieures de l'espace Schengen permettrait la liberté de circuler en toute sécurité à l’intérieur de ce même espace, et donc, par extension, en Suisse.
A ses yeux, la contribution de la Suisse à Frontex serait donc essentielle pour nous maintenir dans le système Schengen afin de garantir "la pérennisation du travail de la police suisse, des autorités de migration et du corps des gardes-frontières". En effet, toujours selon la conseillère fédérale, "les autorités de migration et de sécurité en Suisse consultent près de 300’000 fois par jour le système d’informations Schengen".
Critiques de la gauche et des ONG
Selon la gauche et les ONG d'aide aux migrants et de défense des droits humains, Frontex est un organe policier et répressif de plus en plus violent, une agence qui participe à des renvois forcés, à de la maltraitance et à la militarisation des politiques migratoires. Le référendum s'oppose donc à une augmentation des moyens financiers délivrés par la Suisse à cette agence.
Par contraste, la conseillère fédérale reconnaît "qu'il y a eu des incidents qui n'étaient pas conformes", mais que ces derniers ne sont pas systématiques, et que l'augmentation des crédits permettra aussi d'augmenter les effectifs des observateurs pour les droits fondamentaux. Pour l'ancienne conseillère d'Etat saint-galloise responsable du Département de la sécurité et de la justice, "il y avait aussi parfois à l'intérieur de la police saint-galloise des fautes, mais on n'a jamais aboli la police cantonale" pour autant.
Propos recueillis par David Berger
Adaptation web: Julien Furrer